La Nive 28 juillet 2024

Esterençuby, 27 et 28 juillet 2024

Frédo, Yopie du Gers, Thomas Therasse, Stéphane, soutenus par Emilie de Bordeaux et Valérie
T. P. S. T. : 3 h 00

Je serai bref.

Plus ou moins.

Ce weekend aura marqué l’Histoire – avec un grand H – de Leize Mendi et des Crapouillaux, dont c’est d’ailleurs cette année le vingtième anniversaire !

Pendant qu’un groupe de spéléos « secs » vivait l’aventure du Berger – voir le compte rendu de nos estimables confrères, bravo à eux – d’autres, plus à l’aise avec l’élément liquide, ou plus feignants si l’on considère l’aide non négligeable de ce cher Archimède, retournaient à la Nive.

Le casting du jour venait d’un peu partout : Frédo, Yopie du Gers, Thomas Therasse et ma pomme, soutenus par Emilie de Bordeaux et Valérie de Tarbes. A noter que ce sont les filles qui se sont tapé la partie la plus ingrate – les portages – et sans plonger de surcroît, un grand merci pour leur travail et leur sueur.

Et en plus, la sueur de filles, ça sent la rose à paillettes…

Quatre plongeurs se sont donc retrouvés post-siphon dans la Salle des Crapouillaux, du jamais vu auparavant ! La visibilité était exceptionnelle, permettant pour la toute première fois depuis 2017 de voir la cavité dans toute sa colossale majesté, et de comprendre certains passages un peu paumatoires… Peu avant l’arrivée dans la galerie argileuse, Frédo, s’étant éloigné sur la gauche, a même très probablement découvert la continuité de l’actif. Si certains doutaient du fait que l’on puisse crier de joie avec un détendeur en bouche, je vous assure que c’est possible.

Dans l’exondé, le travail s’est partagé en deux binômes, Frédo et Yopie topographiant la salle en détail au télémètre / clinomètre, Thomas et ma pomme équipant une main courante et le ressaut pour descendre le P25 qui nous avait bloqués l’an dernier. À noter que le perfo semble avoir correctement vécu le voyage dans l’eau douce.

Il y a bien de l’eau au fond de la salle, profonde, cristalline. Si c’est un regard vers l’actif, nous pourrions à l’avenir shunter la Salle des Crapouillaux par le bas.

Au départ du P25 : au-delà, ce sont les ténèbres, la Terra Incognita…
Ta ta taaaa…

Thomas et moi nous sommes ensuite glissés dans une vague chatière argileuse remontante, sans trop y croire. Mais voilà, au prix de quelques cailloux déplacés, cela continuait… Au bout de quelques minutes, nous sommes arrivés dans une salle, dominée par une escalade d’une vingtaine de mètres. L’escalade, de difficulté modeste, fut avalée et purgée de quelques quintaux de blocs menaçants, dans un fracas de tonnerre. Au sommet, une vaste galerie s’ouvrait vers le nord…

« Dis donc, ça en a fait du raffut… S’il ont entendu ça, tu crois qu’ils s’imaginent qu’on est morts ? On devrait peut-être aller leur dire, non ?

  • Bof… Sous terre, ça étouffe le bruit…
  • On continue alors ?
  • On continue ! »

Une galerie semée de pierriers un peu instables, où l’on prend garde à la blessure qui, ici, serait complexe à gérer… Une bifurcation, où des concrétions commencent à apparaître… Puis une salle ornée de draperies et de fistuleuses immaculées… Un passage à peine rétréci, où l’on se faufile pour ne pas briser ces aiguilles scintillantes… et ensuite encore une salle de gours asséchés… On évolue dans des espaces de l’ordre des huit mètres sous plafond et quinze mètres de largeur, sans difficultés autres que de ne pas trébucher dans les blocs, tant l’on marche le nez en l’air…

« Non mais attends, c’est juste pas croyable… Et ça continue encore !

  • Quel cap ?
  • Plus ou moins nord…
  • Tu sais quelle heure il est ? On a laissé nos instruments là-bas… et le télémètre, et la caméra, et… et même le carnet topo, on est vraiment des busards ! On y retourne ?
  • Ben, si on y retourne, selon l’heure qu’il est, on ne pourra pas revenir… On a dit quatre heures aux filles.
  • Allez, on regarde juste comment c’est derrière la prochaine courbe, et on rentre. »

Ce dialogue s’est répété une bonne demi-douzaine de fois. A chaque nouveau tronçon découvert, à chaque virage, nous nous disions qu’il fallait rentrer… mais d’abord, on jette un œil à la suite, promis-juré, juste un œil, et on rentre… Et puis cela continuait… Cela continuait… Comment se souvenir de tout ? La « première » de rêve, celle où l’on parcourt des centaines de mètres sans rencontrer le moindre obstacle sérieux, une randonnée souterraine dans un espace où jamais la main de l’Homme n’a encore mis le pied, celle au terme de laquelle nous sommes nombreux, j’en suis sûr, à nous être réveillés dans notre lit, furieux d’y avoir cru.

Une bonne équipe de champions.

Au sommet d’une descente empierrée, nous nous sommes résignés, au terme d’un énième dilemme, à faire demi-tour. Le demi-tour inédit, frustrant, pas le demi-tour sur étroiture infranchissable, ou le demi-tour sur « ça queute », non non : le demi-tour sur « les copains vont s’inquiéter » !

Les retrouvailles furent émouvantes. Nous étions partis depuis une heure.

« Vous avez entendu la chute du gros bloc ? Vous vous êtes inquiétés ?

  • Ah non non, pas du tout, nous on a fini la topo ici… Alors, ça dit quoi ? »

Il y avait encore à rentrer, et un petit contretemps est venu perturber notre planning prévisionnel de sortie : c’est que voyez-vous, quand quatre crapouillaux – et pas des plus délicats – pataugent allègrement dans les banquettes d’argile pour s’équiper, la visibilité de la vasque tombe assez rapidement à néant, voire en négatif (oui, une visi négative, c’est possible si je veux, c’est moi qui compte rends). A tel point que le rééquipement d’une portion de fil s’est avéré, sinon indispensable, du moins garant du confort du chemin retour. Nous sommes pourtant arrivés au restaurant des sources à l’heure pour le dîner, la tenancière n’aura donc pas eu l’usage de son rouleau à pâtisserie pour châtier les retardataires !

On a dit de ne pas encombrer le parking du haut.
Personne n’a parlé du parking du bas !

Merci à Emilie et Valérie pour les portages, ainsi qu’à Ludo et Ricky qui nous ont rejoints dimanche ; à Laurent et Alexis pour leurs informations sur les conditions de plongée la semaine précédente, qui nous auront permis de valider le projet ; à Vincent 4point pour la bouteille de champagne ; et à Marie-Hélène pour son adorable accueil vendredi soir (« Au chef… et à sa Dame ! »).

Et bien sûr : on y retournera ! !

Stéphane.

La vidéo proposée par Frédo Verlaguet :

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