Une nuit sous les voutes de Bexanka
Gouffre de Bexanka – Camou-Sihigue – Massif des Arbailles – Samedi/dimanche 4-5 avril 2009 Participants : Leize Mendi : Olivier Delord, Laurent Dupeyron, Martial Etcheverry SSPB : François Alban, Maxime, Anna Axoa à la bordelaise Prenez un gouffre, une belle classique de préférence, des spéléos d’horizons différents, un soupçon de retard, une once de journée ensoleillée et on obtient au final une sortie de nuit qui se termine au petit matin quand le soleil se lève et se drape dans les écharpes de brouillard arbaillesques ! On ne regrette rien, ç’était pas non plus une surprise, ni d’avoir loupé LA rencontre du moment : le derby Bayonne-Biarritz qui se jouait sur le terrain bayonnais ! Arrivés en fin d’après-midi, nos trois sympathiques collègues de la SSPB ainsi que Laurent et Martial ne connaissent pas Bexanka, c’est une cavité rêvée pour une « initiation » aux grands vides sous toutes ses formes. Anna, notre ami tchèque et ses deux compères ont quelques appréhensions à la vue du puits d’entrée, nous partons Laurent et moi l’équiper en double pour les rassurer et permettre par la même occasion une remontée plus rapide. Tout se passe bien, toute la petite équipe est rendue à 20 h en bas du puits pendant que se doit être l’enfer dans le chaudron du stade Jean Dauger, c’est sûr, on verra pas le match. Les cordes se déroulent, la première série d’échelle passée nous allons voir la salle des Entonnoirs Géants ; nos trois jeunes spéléos sont époustouflés par le gigantisme des lieux, faut dire que ça leur change de l’Entre-Deux-Mers en Gironde ! Une pause casse-croûte au bivouac et notre balade continue, dans la seconde série d’échelles métalliques, notre stock de mousquetons commencent à s’amenuiser, mais qui a pris les amarrages ? Bon, ça suffira jusqu’en bas, la remontée terreuse du puits de Joly échauffe bien tout le monde, pour reprendre son souffle, rien de tel qu’une bonne clope ; tout le monde est là, on continue. La grande coulée de calcite, la gigantesque salle de la Borne avec son inscription inoubliable : « vive la spéléo libertaire ! », si, si, c’est écrit, puis la grandissime Cathédrale et ses orgues au fond ; on a beau y aller à plusieurs reprises, le spectacle de ces immenses concrétions de calcite vaut vraiment le détour. Tous s’imprègnent de la magie des lieux jusqu’au bouquet final : la salle des Gours vue du haut du balcon, à condition que les plus intrépides descendent jusqu’au fond pour l’éclairer et tout d’un coup on se sent bien petit et éphémère face au temps qui a patiemment sculpté ces merveilles ! Puis vient l’heure de la remontée, il doit être pas loin d’une heure du matin et c’est sûr on a raté la deuxième mi-temps ! Au retour nous montons au non moins célèbre Salon Chinois avec ses draperies et ses concrétions tarabiscotées. Pause photo souvenir, clic-clac. Puis Martial et Laurent passent devant pour commencer à faire remonter Anna tandis que je ferme la marche avec Max et François. En haut de la pente terreuse du puits de Joly, on aperçoit en face le lumignon de la lampe de Laurent qui attend en haut du puits, quel dommage de tout descendre pour juste après remonter l’ensemble du puits ! Je déséquipe au fur et à mesure, l’équipe a trouvé son rythme et les remontées s’enchaînent dans la chaleur et la soif car comme d’habitude nous n’avons pas prévu assez d’eau et nous rationnons les fonds de bouteille. Le temps de finir de lover les cordes dans les kits, nous arrivons, François et moi au pied du P. 60 d’entrée, les premiers sont déjà dehors et Maxime a commencé la remontée. Je prends la seconde pour défaire les amarrages du fractionnement tandis que Max s’essouffle, la bonne longueur de la pédale rétablie il acquiert un peu plus d’amplitude de mouvement ce qui aide bien pour avancer mais je n’arrive pas à lui faire mettre son kit pendu sur son baudrier plutôt que sur son dos… François fera la même erreur mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron comme dirait Lao Tseu. La nuit est là, il pluvine et la cabane en tôle est un excellent abri en attendant que tout le monde s’extirpe de la gueule béante du puits d’entrée. On tire les cordes et ô joie, nous trouvons deux bouteilles pleines d’eau et un saucisson du kit de Maxime ! Il y a parfois des plaisirs tellement simples en spéléo ! Cinq heures passées, nous retournons au voiture, le résultat tombe d’un message sur le téléphone de Laurent : 19-15 pour Biarritz, la messe est dite. Direction le cayolar de Lucugnébéhéty où l’on se voit déjà au chaud dans nos duvets mais c’était sans compter sur un brouillard pernicieux, opaque qui nous ralentira pas mal. Arrivés dans notre havre de paix, nous nous activons : plein d’essence, groupe électrogène, lumière ; bois, feu lancé puis Laurent nous sort le trésor de la gastronomie post-trou de six heures du matin : une grosse boîte d’axoa, une soupière de riz et nous avons un repas pantagruélique. Les capsules et les bouchons sautent, les discussions interminables jusqu’à s’épuiser, les yeux sont trop lourds et chacun gagne son duvet alors que le soleil se lève dans des écharpes de brume comme je le disais au début. Midi, quelques uns se lèvent puis se recouchent, ça écrase sec, tellement que nous n’entendrons même pas Philippe venu nous voir. Et lui il a bien entendu nos ronflements, un mugissement paraît-il… Olivier Delord