Tête Sauvage- La Verna
Traversée de la Pierre Saint-Martin, Tête Sauvage – Salle de la Verna - Samedi 4 juillet 2009 Participants : une quinzaine de spéléos du département + Olivier Delord, Laurent Dupeyron, Philippe Puyo et Mathieu Jambert (ASPLF) Comme tous les ans le CDS organise une traversée du massif, non seulement pour la balade, mais aussi pour que chacun se familiarise avec ce gigantesque labyrinthe en cas d’un déclenchement d’un secours. Aujourd’hui nous partons en plus rééquiper certains passages et sortir des vieilles cordes qui sont en place. Cette année nous sommes trois de Leize Mendi à participer à l’aventure, aussi, dès la veille, allons-nous dormir dans l’usine de Stéphane pour être à pied d’œuvre le lendemain de bonne heure car nous faisons partie de l’équipe 1, la première à rentrer sous terre, et le rendez-vous est à 7 h à l’auberge Bürgübürü à Ste-Engrâce. Après une courte nuit nous sommes quasiment à l’heure et pendant ce temps là un orage nous déverse des litres de flotte en guise de bienvenue ! Moment d’inquiétude : est-ce que ça bloquera au Tunnel du Vent ? On tente ? On remet ça ? Suspense, le départ est retardé, on se consulte mais la météo est en grève. Au fur et à mesure les autres équipes arrivent et c’est la même interrogation, le mieux est de monter à la station et d’aviser en haut. La tête dans le brouillard, il ne pleut pas, alors nous préparons notre matériel et notre équipe part au trou. Nous sommes sept dans l’équipe 1 : Laurent, Mathieu, Philippe, Yannick, Didier, David et moi mais juste d’arriver à l’entrée de la Tête Sauvage, Philippe décide de faire demi-tour, il est en nage, fatigué suite à nuit sans sommeil : c’est le gros coup de pompe et il est plus sage de savoir s’arrêter surtout avec une cheville encore fragile. L’équipe 2 est déjà sur place et commence à descendre et le temps que nous nous préparions, l’équipe 3 arrive : nous nous suivrons tous, ce qui va sans doute créer des bouchons dans les puits ! Passé l’entrée étroite, il est 11 h, on retrouve vite l’ambiance « Tête Sauvage » : le courant d’air froid dans le dos, le calcaire noir et les méandres étroits qui déversent dans de grands puits qui nous amènent rapidement au cœur de la montagne. Chaque équipe est munie d’une topo et du matériel en plus (cordes, maillons rapides, sangles) afin de remplacer des vieilles cordes qui sont en place depuis longtemps ou qui sont tonchées par les crues. En bas des puits, le Soupirail est le passage qui fait grimacer tout le monde car c’est un passage bas où il faut s’allonger dans une petite vasque d’eau pour passer, en s’y prenant bien on peut éviter de se baigner, mais quoi qu’il en soit c’est un premier contact glacial avec l’eau du réseau qui n’excède pas les 5 ou 6 °C ! Peu après c’est l’arrivée dans la salle Cosyns qui marque la jonction avec le réseau de la PSM : la Verna c’est vers l’aval, dans une dizaine d’heures ! Juste avant la salle Susse nous devons rééquiper une longue main courante qui longe des vasques profondes, l’eau est claire et d’un bleu « méditerranéen » sauf que c’est en combinaison néoprène que l’on se baigne ici ! Nous profitons de l’arrêt pour grignoter un bout mais le froid nous assaille vite et Laurent découvre les limites de sa combinaison de surf avec des trous par-ci par-là, il ne tarde pas à faire les 100 pas en bougonnant. L’équipe 3 nous rejoint, ils en profite ^pour manger eux aussi. La salle Susse est vaste avec 280 m de longueur et 50 m de large et d’un certain esthétisme : le plafond est d’un noir intense avec des concrétionnements blancs de toute beauté. Mais ce qui nous intéresse le plus à cet endroit c’est d’observer le niveau d’eau gonflé par plusieurs affluents qui permet de savoir si les passages aquatiques à venir (Grand Canyon, Tunnel du Vent) sont praticables. A vue de nez, c’est bon, en espérant qu’à la surface le temps soit clément… Le Grand Canyon est toujours aussi magnifiques, le plafond est très haut, les parois se resserrent, les dépôts de sable et d’argile sur les hauteurs indiquent la violence des crues dans cette partie du réseau. Nous zigzaguons en pataugeant dans l’eau, le nez tantôt au sol, tantôt au plafond qui se perd dans l’obscurité. Dans la Grande Barrière nous devons changer la corde d’un ressaut et l’équipe 3 de Mathieu Rasse nous rejoint. Nous nous engageons à ce moment là dans la partie du réseau que je trouve paumatoire avec le shunt de la galerie des Marmites, le shunt d’Hidalga où nous y retrouvons l’équipe 2 qui était devant nous. Une des leurs a chuté et s’est cogner violemment le bras qui est maintenant orné d’un hématome violet-noir et dont elle ne peut plus se servir. Didier en tant que médecin l’examine et va rester avec eux. PH nous demande qu’on les attendent à la salle de Navarre au cas où il y ai besoin de nous en renfort pour l’évacuer car le chemin est encore long jusqu’à la sortie. Arrivés au Tunnel du Vent, l’heure est venue d’enfiler la veste néoprène et surtout de fermer les écoutilles. Le vent glacial dans le dos et l’eau guère plus chaude font de cette natation souterraine un moment inoubliable ! L’escargot rentre dans sa coquille ! Bien refroidis, nous filons à toutes jambes pour se réchauffer et gagner la salle de Navarre. Nous avons le temps jusqu’à l’arrivée des autres équipes, nous nous changeons, les sacs poubelle contenant les affaires de rechange n’ont pas pris l’eau et ça c’est une victoire ! Repas, clopes et nous entendons les autres. La blessée va bien, aussi nous dit on de partir devant, on se retrouvera tous à l’entrée du tunnel. Nous changeons une autre corde en haut de la salle Navarre et nous débouchons vite dans la grande salle Lépineux où le grand puits de 312 m perce le plafond et par où toute l’exploration de la Pierre a débutée en 1951. Puis c’est l’enchaînement fastidieux des grandes salles interminables avec la fatigue dans les pattes : salle Elisabeth Casteret, Loubens et patatras, c’est la gamelle, je m’entaille le tibia sur un rocher, ça saigne, ça pique, ça fait mal. Me voilà avec deux jolis trous, Mathieu me cède un protège-tibia pour éviter un autre choc au même endroit. Maintenant il faut sortir, malgré la beauté du gigantisme du paysage, chacun est concentré sur ses pieds pour ne pas se vautrer comme je l’ai fais juste avant. De temps en temps un petit arrêt s’impose pour balayer les parois en face ou les plafonds pour se rendre compte des volumes. Le Métro, long de 600 m, est un modèle du genre : quasi rectiligne avec une voûte en ogive tout du long, la rivière gronde en bas. Queffelec, Adélie puis enfin la dernière grande salle avant la Verna : la salle Chevalier, à son extrémité nous percevons la lumière du nouveau barrage et enfin la Verna illuminée : c’est un beau cadeau à la fin du parcours. C’est le grand vide, on aperçoit, minuscule, le mannequin avec son gilet fluo perché dans la galerie Aranzadi face à nous. Nous restons un moment à profiter de ce moment puis nous finissons de sortir à travers le tunnel illuminé ; quand nous ouvrons la porte c’est le grand courant d’air, il fait nuit, un fin crachin nous accueille, il est un peu plus de 11h30. Nous squattons le fourgon de Didier, on mange les restes de bouffe, on se change et on attend les autres mais la fatigue et le froid nous tombe peu dessus, nous nous endormons un peu tandis que les deux équipes arrivent au complet 1h30 après. La blessée va bien, elle est surtout soulagée que ça finisse enfin, les kits sont chargés dans l’autre fourgon au milieu de spéléos hirsutes. A Ste-Engrâce tout le monde se sépare dans l’euphorie de l’après trou, Mathieu, Laurent et moi redescendons chez Stéphane où tout le monde nous attend : Philippe qui va mieux, Stéphane, Jérôme, Marie et Honorélie nous ont préparé à manger, les bières sont au frigo : le pied ! Eux sont allés à la Verna cet après-midi faire des photos et sont remontés un peu dans les grandes salles. Ma jambe me lance, la fatigue est là, je vais me coucher les autres suivront de près tandis que Philippe repart sur Bayonne ainsi que Laurent qui doit être à un baptême demain matin près de Bordeaux. L’aventure c’est l’aventure ! En 2010, début juillet on remet ça, avis aux amateurs !