La Coume
Samedi 24 et dimanche 25 octobre 2009
La Coume Ouarnède – traversée Pont de Gerbaut à Pène Blanque
Alexis, Frédéric, Jean Claude, Olivier, Serge, Stéphane
Ce week-end démarre par des larmes. Les larmes que les cieux déversent sans discontinuer sur la Coume Ouarnède et la vallée de Hérran(Haute Garonne) où l’on a pris gîte. On y apprend qu’ici, on ne dit pas « il pleut », mais « il coume » tant ce phénomène météo est entré dans le dictionnaire patois. Bon accueil au gîte par la gérante, plus de quatre vingt dix balais au compteur, mais aussi par le râtelier de fusils de chasse de son mari qui n’a plus lui, ni bon pied ni bon œil. On a faim, on va manger.
Réveil à sept heures trente, au petit jour. Vu ce qu’on a pris comme flotte hier soir et ce qu’il coume ce matin encore, on se demande si une traversée est raisonnable, mais finalement, la passion l’emporte.
Les uns préparent le petit déjeuner, les autres les kits. Huit kits de matériel pour cinq spéléos. Aujourd’hui, il y aura donc deux heureux.
Une solide petite montée d’une heure vers l’entrée du Pont de Gerbaut puis, il est onze heures, Alexis équipe la cavité non sans s’accommoder tant bien que mal des erreurs d’enkittage au point qu’on lui coupe et raboute au passage une de ses cordes par mesure de sécurité, ce qui nous vaudra un regard noir sur lequel on verra poindre une petite larme d’émotion. C’était sa corde, sa première corde, son cadeau de première communion.
On négocie pour qu’il reste avec nous. Finalement, après moultes promesses, tout s’arrange et on déambule guillerets dans les antres de ce réseau gigantesque.
Parvenus au contact de la rivière, nous mangeons et nous nous équipons de néoprène. Bien nous en prit car l’eau est glacée, surtout dès qu’elle humecte de sa douce caresse les parties les plus joyeuses de notre corps. Messieurs, vous m’avez compris !
Nous avançons longuement dans la rivière, parfois de l’eau jusque sous les aisselles et parfois aussi avec le plafond assez bas pour se mouiller le cou. On imagine le niveau d’eau vingt à trente centimètres de plus et s’en était fait de notre belle randonnée, surtout que nous avons déjà récupéré la première corde au premier rappel selon la technique canyon.
Heureusement, le parcours est extraordinairement beau et pourtant vous savez maintenant à quel point nous sommes exigeants. Cela éloigne un peu l’inquiétude. Des rappels de plus de vingt mètres arrosés par les embruns frais, des vires suspendues sur câble au dessus du grand vide, des mains courantes très rampantes, des passages fossiles de toute beauté.
Alexis se repère bien dans le dédale de carrefours et de salles. On note ici ou là une jonction avec un autre réseau, autre possibilité de traversée, autres galeries, autres kilomètres sous terre. Si le gruyère avait été inventé là, il s’appellerait Coumyère.
Après avoir quitté la rivière, à regret pour la beauté mais sans regret pour le froid, nous attaquons la sortie par Pène Blanque par un autre réseau connecté avec d’autres volumes, d’autres plaisirs.
Nous remontons cette fois des galeries fossiles avec un final en laminoir de toute beauté.
Vers dix heures du soir, nous apercevons des hêtres et des sapins. Soit les arbres poussent dans la cavité, soit on est dehors.
Finalement, la pluie, la chaleur, le vent, un coup de klaxon au loin, on est bien dehors.
Une remontée exigeante d’une bonne heure jusqu’au parking voiture finit de nous achever, ou achève de nous finir, je ne sais comment dire tellement on traine nos savates, même si pour Fred ce sera ses morceaux de bottes.
Parvenus secs et entiers au gîte, on se venge sur la bouffe, on passe notre fatigue sur les bouteilles d’apéro et de pinard. Heureusement, Stéphane, venus nous rejoindre au gîte, nous aide à descendre plats et verres que l’on vide plus vite que le cuistot ne les remplit.
Dodo.
Le lendemain dimanche, seuls Alexis, Olivier, Stéphane et Serge repartent sous terre. Jean Claude et Fred remontent vers leurs foyers respectifs. Nous décidons à cause de la pluie de nous contenter du déséquipement de la cavité de la veille, puis de balader un peu dans une autre partie du réseau, vers la salle Elisabeth Casteret.
Autres lieux autres volumes, quitte à me répéter. Ce réseau est gigantesque, quatre vingt dix huit kilomètres topographiés, reliés par plus d’une trentaine d’entrées toutes interconnectés.
Le temps passe, on décide le demi-tour à cette salle. Petit casse croûte, déséquipement puis sortie de l’équipe.
Nous garderons un excellent souvenir de ce week-end.