Une bien belle ballade
Salle de la Verna - Samedi 30 janvier 2010 - Sainte-Engrâce
Il fallait démarrer l'année 2010 en beauté avec plein de lumière, du géant, du démesuré pour des yeux pétris de virginité et de pureté. J'avais proposé une sortie à la Verna et plus si affinités aux collègues de la SSPB de Bordeaux plein d'ardeur et de bravoure. Au final nous nous sommes retrouvés à 17 pour ce grand rendez-vous : des jeunes, des moins jeunes, des anciens, des SSPB, des Leize Mendi, des non spéléos, bref un petit monde plein d'enthousiasme à l'idée de découvrir pour la première fois la salle de la Verna illuminée. L'autorisation en poche, nous nous retrouvons tous chez Burguburu pour boire le café, récupérer les clés d'accès et peaufiner les détails de la sortie. La nuit précédente, beaucoup de neige est tombée sur les montagnes et nous décidons tout de même de braver le bulletin météo qui annonçait des chutes de neige basses en altitude pour la fin de journée et de s'avancer sur la piste avec les voitures : première erreur.
A la queue leu leu nous montons à moitié piste pour nous garer comme nous pouvions dans une épingle car la neige commence à s'épaissir et les voitures à patiner ; une bonne séance de poussette plus tard et les voitures se trouvent garées dans le sens de la pente, prête à repartir en catastrophe : première bonne idée.
Bernard et Annick, les doyens de la SSPB, partent devant, le casque en bandoulière dans une bonne épaisseur de neige fraîche tandis que le matériel est réparti à chacun ainsi que la bouffe pour la journée. Le soleil est radieux, le ciel dégagé : seconde erreur : ne pas se fier au temps.
A midi tout ce petit monde est réuni devant le tunnel, une photo de groupe en “V” plus tard, nous pénétrons dans le tunnel, le courant d'air est violent comme d'habitude sauf que la caverne aspire en ce moment. Nous nous précipitons tous pour refermer la porte au plus vite et remonter ce long tunnel illuminé avec le pas qui augmente la cadence pour découvrir enfin la salle de la Verna. Le spectacle est toujours aussi saisissant : du vide gigantesque, nous sommes sur la plateforme et tout autour de nous du noir et des parois loin en face. Le mannequin dans la galerie Aranzadi donne une échelle tout relative ; un point lumineux ridiculement petit dans la partie supérieure de la salle... Explications, palabres et on s'équipe maintenant pour aller plus loin en amont du réseau : l'idée est de remonter dans les grandes salles et d'aller à la salle Lépineux montrer l'accès historique de la "conquête” de la Pierre par le puits du même nom. Chacun a son casque sur la tête, ses bottes, son baudrier, les acétylènes sont en pression, c'est le départ. Nous quittons Bernard et Annick qui repartiront un peu plus tard. Et notre petite foule s'ébranle gaiement vers le noir de la salle Chevalier, c'est un peu dur au début de trouver un rythme pour que tout le monde suive, mais l'adaptation au milieu est rapide ! Il est déjà l'heure de manger et les estomacs réclament, nous faisons une pause dans la salle Adélie. La première corde à descendre à la Grande Barrière qui donne accès à la longue salle du Métro nous arrête un moment, c'est l'occasion de se familiariser avec le descendeur. Nous assurons les novices et l'aventure continue toujours plus loin tandis que le vent est sensible dans certains passages même les plus grands. Le groupe s'étire le long de la grande galerie et le spectacle des petits lumignons trouant les ténèbres du gouffre restitue bien l'immensité des lieux. A la salle Loubens nous faisons une pause où une petite partie de l'équipe décide de faire demi tour pour rentrer, on repense qu'il pourrait y avoir de la neige qui nous attendrait à l'extérieur... mais cette pensée est vite oubliée : seconde erreur. Nous sommes près du Lépineux et la majorité est motivée pour continuer, quitte à sortir un peu plus tard, ce que nous faisons un moment après. En haut de la salle Elisabeth Casteret il y a Gibraltar qui est un ressaut de 10 m dans un chaos casse gueule qui donne sur la salle Lépineux et il faut utiliser cette fois la poignée et le Croll, ce qui s'avère loin d'être évident pour tout le monde. Mais ça y est, nous y sommes, nous passons près de la tombe de Marcel Loubens avec un pensée pour le drame qui s'est déroulé ici même 58 ans auparavant, et nous voici au sommet de la salle quasiment à l'aplomb du puits Lépineux haut de 312 m. On s'imagine les spéléos de l'époque pendus à un fin fil d'acier qui débouchèrent pour la première fois dans cette salle grandiose ! Pause clopes, chocolat et l'on repart vers la Verna non sans avoir vu l'épitaphe écrite au noir de fumée par Labeyrie. Le retour se fait à une bonne cadence malgré la fatigue qui commence à monter. Vers 11h nous retrouvons la lumière de la Verna qui nous parait plus claire qu'à l'aller, nous sommes peut-être en train de devenir des chauves-souris ? Photo et nous nous dirigeons vers la sortie non sans avoir éteint la lumière derrière nous. Stupéfaction de tous lorsque les portes du tunnel s'ouvre : il y a plus de 50 centimètres de neige qui nous attendent et brutalement c'est le retour à la réalité : comment on va faire pour repartir avec les voitures, surtout que nous sommes 2 sur 4 à ne pas avoir de chaînes ? Des flocons continuent de tomber, les arbres plient littéralement sous la neige, un silence de mort nous enveloppe tandis que la lune se dévoile peu à peu. Rejoindre les voitures est notre seul but pour voir si ça passe ou pas. Le chemin est bizarrement plus long qu'à l'aller et l'épaisseur de neige diminue au fur et à mesure que nous descendons. Coup de fil de Jérôme pour nous prévenir que ça passe mais que la côte avant le village est infranchissable pour des véhicules non-chaînés, d'ailleurs ils en ont abandonné un. Il faut d'abord dégager la neige accumulée sur les vitres, monter les chaînes et e suivre au ralenti. Sur la piste, ça tient bien mais l'adhérence devient quasi nulle sur le goudron en pente ; Alexis qui a des chaînes arrive tout juste à monter et Benjamin échoue sur disparition d'une de ses chaînes. Max se gare, moi aussi et nous tentons une poussette de Benjamin qui continue de reculer. Il est 2 heures du matin, le ras-le-bol est général : on laisse 3 voitures à Ste-Engrâce et on s'entasse dans les voitures restantes, direction le gîte à Lanne où nous attendent les autres. La route est enneigée, nous déchaînons aux gorges de Kakouetta, la fatigue se fait sentir. Bon, on en rigolera plus tard quand on sera vieux et ça ne nous a pas empêcher de boire le Champagne pour l'anniversaire de Pantxika ! Bonne sortie avec toujours les imprévus de la spéléo... et du temps !
Pour la petite histoire, le lendemain la neige était fondue sur la route et la chaîne perdue de Benjamin était enroulée derrière la roue !
Olivier