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Voyageurs des strates
24 janvier 2011

Lonné Peyret en hivernale par la face Nord

Samedi 22 janvier 2011 – Lonné Peyret – Salle Styx

Leize Mendi : Alexis, Gilen, Olivier, Thomas, Serge

Autre clubs : Émilie, Julien, Stéphane.

Temps Passé Sous Terre : 20 heures (12 heures pour l’équipe 1)lonn_1

Cette petite sortie familiale dominicale bucolique a été finalement faite le samedi. Bon, dominicale quand même un peu puisqu’on a débordé sur l’horaire et terminé le dimanche au petit matin. Au frais petit matin.

Pour cette sortie, organisée et programmée depuis longtemps, 8 rescapés, passés au travers de la grippe et de la flemme.

A défaut de grippe, je me demande finalement si je n’aurai pas mieux fait d’en avoir un peu, de la flemme, lonn_2pour éviter cette bambée à la limite du raisonnable pour mes vieux os.

C’est vrai que ce que nous avons fait, aucune bête ne l’aurait fait, d’ailleurs, pas même une chauve souris ne pendait dans ces plafonds vierges de toute vie. Pas connes les bestioles !

Premier rendez-vous à la station de La Pierre pour un petit café à 8 h 00.

Quasi tout le monde est quasi à l’heure.

Sur place, Brice nous fait une petite grippe de dernière minute, vraiment de dernière minute. Il a même eu le courage de monter pour nous la montrer. Avec son teint blanc, on le confondait avec le blanc de la neige. Il est rentré chez lui sous nos encouragements.

Un ou deux cafés plus tard on s’en va et on s’équipe dans un froid glacial à la cabane en haut du Lonné lonn_3Peyret. Ça caille grave, avec un petit vent du nord à figer en l’air notre filet de pipi.

Nous sommes tous les 8 dans le trou à 10 h 00, trou au bord duquel un petit air soufflant 5° nous réchauffe grandement, c’est vous dire le froid qu’il fait dehors.

La descente se passe sans problème. Enfin, sans trop de problème. Seul le passage du nœud, judicieusement posé à 3 mètres du sol par les équipeurs l’avant-veille, pose un léger problème à l’un d’entre-nous. Mais ça passe. Joueurs, mais coquins les équipeurs.

En fin de compte, nous sommes rapidement (vers 14 h) à l’embarcadère pour un sympathique et chaleureux déjeuner sur l’herbe. Il ne manquait que le chaleureux et l’herbe.

Vint le moment de scinder l’équipe en deux. Les ceux qui remontent vers le jour et les ceux qui s’enfoncent encore plus dans la nuit. Émilie, Gilen et Julien remontent. C’en est fini pour eux, ils ne feront plus partie de ce compte rendu avant les retrouvailles du petit matin.lonn_4

Pour les 5 fadas qui restent, l’aventure démarre par l’enfilage des combis néoprènes. Les intimités de chacun d’entre nous raccourcissent de quelques centimètres. Convenablement restaurés, nous rationnons les rations, le carbure et les piles pour nous « alléger » un peu les kits. Dans l’histoire, c’est Stéphane (peut être le plus expérimenté) qui s’en sort le mieux : pas de kit, ni à l’aller, ni au retour, sauf quelques minutes pour me soulager du mien, merci à lui.

Dès avoir quitté l’embarcadère, la plus belle partie du parcours, à mon goût, s’offre à nous, la plus chiante aussi, eu égard notre costume de scaphandrier qui nous plombe notre allégresse. Suivent 3 heures de succession de chaos haut perchés, de canyons aquatiques, de vasques claires, de voûtes basses, de passages rampants aussitôt suivis par des salles aussi gigantesques qu’improbables, découvertes à l’issue de passages où Dédale lui-même n’y reconnaîtrait pas son labyrinthe.lonn_5

Arrivés à la salle Styx, vers19 h 00, bien qu’un peu fatigués, notre moral est au beau fixe. Objectif atteint. Nous sommes les rois du monde de la spéléo pour un instant, pour un instant seulement. Bien entendu, nous allons au bas de la salle, histoire de battre, pour certains d’entre nous, notre record de profondeur. Moins 700 et des brouettes. Quand même !

Heureux et satisfaits, on attaque un petit casse croûte revigorant.

Puis, vint le moment de remonter.

Objectif principal, retrouver le chemin. lonn_6

Ici-bas enfermé, le roi Minos n’aurait pas craint que son Minotaure de bâtard de fils ne s’en échappât. Seul Alexis, son sens aigu de la spéléo et de l’observation permirent que nous en réchappions aussi facilement. Il faut dire que s’il avait compté sur moi, on y serait encore.

D’un œil sûr, d’un pas léger, d’un rythme soutenu nous remontons à l’embarcadère que nous rejoignons en profitant une dernière fois des plus beaux passages du réseau aquatique. Seul bémol, les combardes nous ralentissent quand même un peu. On est moins souple et moins leste avec du caoutchouc serré dessus. Le plastique c'est fantastique, le caoutchouc super mou qu'y disait l'autre. T'as qu'à croire ! Ou alors mon grand âge ?

Être le doyen de l’équipe m’épargne la gêne de ralentir un peu le groupe.

Avec ces montées et ces descentes qui n’en finissent pas, on prend chaud aux chaos et on prend froid à chaque bain forcé, de temps en temps, avec l’eau qui s’insinue via notre épine dorsale ou dans notre bas ventre déjà bien amenuisé. C’est toujours une épreuve et ça nous rappelle à chaque fois que l’on regrette les petits trous dans notre néoprène.lonn_7

23 h 00 l’embarcadère. Nous avons fait les 3 quarts du chemin. Nous avons mis quelques 6 heures aller retour de l’embarcadère. Les uns se changent et mangent un morceau, les autres mangent un morceau et se changent. 2 techniques différentes pour une inefficacité égale : On se caille !

Minuit, on remonte vers la base des puits. Sans néop on est beaucoup plus à l’aise dans nos mouvements, mais le poids du kit gavé de combis gorgées d’eau et de nourriture en excès ralentit nos pas (mes pas) qui commencent à être mécaniques, hésitants et incertains. Mes compagnons me rassurent, eux aussi fatiguent. Ils sont mignons.

Vers 2 heures du mat, base des puits. C’est maintenant qu’on va payer cher et cash notre folie. 300 mètres de puits. A la base des puits, les 4 nœuds présents sur la corde nous rassurent : C’était un code. L’équipe Émilie, Gilen et Julien a bien retrouvé le chemin. Ils sont dehors.

Maintenant, c’est nous qui montons. Notre répartition est correcte. Premier Olivier puis Stéphane, Moi, Thomas enfin Alexis pour fermer la marche et commencer à déséquiper.lonn_8

Avec plus ou moins de facilités, la remontée s’effectue lentement mais sûrement. Nous avons conscience que la lucidité peut nous manquer dans ces moments proches de l’épuisement, aussi, nous faisons gaffe de ne pas aller trop vite, ni d’oublier de se longer dans les sorties de puits « faciles », où nous ne l’aurions peut être pas fait dans d’autres circonstances.

C’est long 300 mètres de puits. Heureusement, ils sont sympas et on a le temps d’admirer le paysage en soufflant, entre chaque brassée de corde. Le ciel étoilé sera atteint à 5 h 30 pour Olivier à 6 h 00 pour Alexis. L’on voit finalement que nous avons bien remonté ces puits malgré un état physique un petit peu entamé quand même. Il règne à la sortie du trou une température mordante, les cordes de longe gèlent instantanément, une raideur à faire rêver. On se réchauffe un peu à l’air de 5° qu’exhale le puits d’entrée. 5°C, le bonheur !

On remonte aux voitures couvertes de givre et de neige. Le clair de lune nous offre cette ambiance assez surréaliste que l’on retrouve souvent les sorties de trou à la nuit, en hivernale. On évite de se paumer dans ce désert de pierre et de glace, mais c’est dur.lonn_9

On apprendra plus tard que nos trois amis, eux, se sont légèrement paumés. Imaginez-vous, calfeutrés dans votre chalet à La Pierre, 11 heures du soir, après une bonne raclette et 2 doigts de ce fin cognac que vous réservez pour les grandes occasions, 3 spéléologues tout droit sortis du congélateur extérieur frappent à votre porte, mais pas trop fort de peur de se casser les doigts gelés.

- « Bonsoir messieurs dame, excusez moi de vous demander pardon, mais pouvez-vous nous ramener à notre voiture s’il vous plait ? »

- « Heuuuuuu ???? »

On n’en sait pas plus.

Retour à nos flocons et au parking. Les doigts gours et le corps bien raide, j’essaye de manipuler les clés de ma voiture. Le moteur démarre difficilement et j’ai du mal à atteindre une température non négative dans l’habitacle. Pour vous dire, l’eau est entièrement gelée dans la bouteille d’Évian qui a passé la journée là.

Parvenus tant bien que mal à nous changer un minimum, nous descendons chez Stéphane où devrait nous attendre un délicieux petit Canard à l’orange* (lire la recette à la fin) que devrait nous avoir préparé l’équipe qui était remontée depuis l’embarcadère. Émilie aux fourneaux, Gilen et Julien au décapsuleur.

Avec grande difficulté, j’ai un mal fou à me tenir éveillé, je me lance dans toute la descente depuis la station jusqu’à chez Stéphane. A mes cotés, Thomas s’est endormi quasi instantanément.

Arrivé à Caserne, je le réveille et lui demande de me relayer au volant car je sens que je n’y arriverai pas. Ça fait 24 heures qu’on est sans dormir et je clignote vraiment et même à 30 km/h, je me sens partir dans les bras de Morphée autant que dans le fossé.

Nous parvenons à Tardets. Il règne chez Stéphane l’ambiance de la cabine de la fusée du professeur Tournesol où l’on voit des matelas au sol, garnis des Dupont et Dupond qui ronflent, une cuisine en effervescence, du matériel spéléo en vrac sale, du matériel de spéléo en vrac propre, des chaises, une machine à coudre, la bouteille de whisky du capitaine Hadock et un raton laveur.

Après une ou deux bières, nous attaquons le canard à l’orange. Ce plat de choix nous confirme notre piètre qualité d’expert en gastronomie. Il est vrai qu’à cette heure-ci (8 h 00 du mat) nous n’avons pas tout à fait les yeux en face des trous, encore moins les neurones en face des synapses. Mais tout de même, des patates dans du canard à l’orange, sans orange de surcroît, ça pose question.

De dépit et/ou de colère, allez savoir, je rentre chez moi avec Thomas, on fera une moitié de la route chacun au volant, l’esprit légèrement embrumé ou évanescent. Oui, évanescent, c’est ça, c’est plus joli.

Depuis, je dors.

* recette du canard à l’orange par Émilie :

Ingrédients :
Du canard cuit mais froid
Des patates cuites mais froides et pas pelées
Une poêle
Un Alexis
Pas de sel pas de poivre.
Des oranges, mais pas vraiment indispensable.

Méthode :
Rester allongé sur son matelas et demander à Alexis de :
Prendre le canard, d’arracher les morceaux à la main, de couper les patates les yeux fermés,
De mettre le tout à réchauffer à la poêle.
D’attendre que ça attache bien.
Pour contrôler l’attachement de la mixture, retourner la poêle à l’envers.
Si ça tombe, recommencez. Si rien ne tombe, servez. Je veux dire, raclez.

Dégustation :
Mastiquez bien et saucez avec de la bière pour que ça passe mieux.
Plus de bière ?
Zéro tracas, zéro blabla, faites avec du vin rouge, glacé de préférence.
Fromage dessert.

Monsieur Lonné Peyret, bien à vous.

Serge

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Commentaires
O
Harpe historikoa, hala jinko! Ez düt ezagützen bena züen kronikarekilan bidaje pollita egin düt. Milesker, eta segi hola hola.
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L
Et nous, on aurait bien aimé t'avoir avec nous pour ne pas se paumer dans le froid...<br /> <br /> Ca mérite un autre compte rendu... J'essaye de finir l'autre et de faire celui là ... Un jour ou l'autre...
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A
Encore un grand moment de spéléo,bravo les gars !<br /> J'ai pensé à vous sous ma couette,et rien que pour le canard,je regrette de ne pas avoir pu être avec vous !
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