Camp spéléo Urkulu 2015 Leize mendi / SC Périgueux / Asplf / individuel.
Camp Urkulu - Pyrénées-Atlantiques
Du vendredi 31 juillet au dimanche 9 août 2015
Vendredi 31 juillet 2015
Tristan, Olivier D.
Départ de Dordogne vers 9h à deux car au final le troisième larron du Spéléo Club de Périgueux (SCP), Michel, s'est désisté malgré notre insistance.
Pour éviter tous les bouchons sur la route dûs au fameux “chassé-croisé” nous coupons par l'Entre-deux-Mers puis par les petites routes des Landes, c'est plus long mais au moins on peut rouler sans personne devant.
Ravitaillement à Arnéguy puis à St-Jean et montée vers le cayolar. Le temps est gris et pluvieux, les montagnes sont barrées par les nuages vraiment trop bas à mon goût.
A Estérençuby, nous nous arrêtons à la résurgence principale du massif, la source de la Nive de Béhérobie, pour montrer à Tristan tout ce qu'elle draine du massif, l'eau est trouble, signe que les pluies ont été relativement abondantes la journée précédente. Nous croisons par hasard Alexis qui s'en revient de la source avec un groupe qui nous confirme les eaux hautes de la journée : même le ruisseau d'Harpea coule, alors que normalement à cette saison, il se perd dans les fissures du calcaire avant même de mélanger ses eaux avec celle de la résurgence. Rendez-vous est pris pour une bouffe là haut au cayolar, étant en pleine saison touristique, les groupes s'enchaînent pour Alexis et n'est pas disponible pour spéléoter avec nous.
La montée en forêt d'Orion se fait dans un brouillard bien humide et épais, aucun paysage à voir, c'est la purée de poix. Nous arrivons au cayolar de Leize Handi, il fait encore jour, nous l'apercevons à peine dix mètres avant. Nous avons l'accord de Ramuntxo le berger de Saint-Michel qui a son troupeau aux alentours mais qui ne séjourne pas au cayolar car il habite juste en dessous, dans la vallée. Nous trouvons la clé, un peu de ménage à l'intérieur, déchargement de nos affaires de la voiture, installation du groupe électrogène du SCP pour la lumière et feu dans l'insert pour réchauffer l'atmosphère humide des lieux. Grillades et coucher dans la tente pour Tristan et dans le cayolar pour moi, j'ai la flemme de monter la tente sous la pluie...
Samedi 1er août 2015
Philippe, Tristan, Olivier D.
La pluie s'est arrêtée, il y a moins de nuages, le temps s'éclaircit.
Rangement au cayolar, les cordes et tout le matériel de spéléo est rangé dans la remise à côté. Philippe de Leize Mendi arrive en milieu de matinée, nous trions le matériel et partons sur la zone EL (Elhursaro) où se trouvent les trous sur lesquels le club travaille actuellement. Nous passons sous la tour d'Urkulu que nous réussissons à apercevoir, ensuite nous croisons la longue file quotidienne des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle qui, partis de Saint-Jean-Pied-de-Port, se rendent à Roncevaux. A la Vierge d'Orisson, nous bifurquons vers les cabanes d'Elhursaro situées tout au fond de la grande cuvette du même nom. Plusieurs ruisseaux se perdent en quelques mètres, nous sommes dans une vaste zone d'absorption de quasiment toute la grande cuvette ! En passant, Philippe nous montre l'entrée du G 1, un trou exploré dans les années 80 par le club Ziloko Gizonak marqué par un fort courant d'air glacial qui s'en échappe. L'entrée a été bouché par un gros bloc enchassé dans le puits d'entrée comme un coin de bûcheron. Nous continuons notre descente en longeant le ruisseau qui aujourd'hui coule suite aux pluies de la veille. Arrivés au bord de l'EL 11, actuellement en désobstruction à - 50 m, nous cassons la croûte à l'ombre, le ciel se dégage et le soleil est là !
L'entrée, entourée de barbelés, pour éviter que les brebis et vaches tombent au fond, est un beau puits d'une vingtaine de mètres qui me fait penser à celui de l'entrée du Behiako Lezia. Les plaquettes sont en place, j'équipe la descente, Tristan me suit, Philippe préfère rester à la surface. Les autres puits sont déjà équipés, il n'y a qu'à descendre les cordes pour tomber sur le terminus actuel ! Nous amenons massette, burin,pointerolle, pied-de-biche juste pour dégager le dernier tir effectué lors de la dernière sortie. Il faut se faufiler dans un méandre pour trouver le second puits. Il est étroit mais court et donne immédiatement sur un troisième plus vaste d'une quinzaine de mètres, un quatrième de quelques mètres, plus réduit, donne sur une lucarne qu'il faut désescalader et nous sommes face à l'étroiture du terminus actuel. L'étroiture que nous déblayons laisse entrevoir un ressaut de 2 à 3 mètres non encore descendu et indice intéressant, un souffle puissant et sonore s'en échappe. Nous cassons tout ce qui est fissuré mais il faudra revenir pour faire d'autres tirs pour élargir le passage.
Une fois en surface, Philippe nous amène voir le G 701, un trou découvert par la SSPPO dans les années 85 qui s'ouvre après la jonction avec le ruisseau d'Oillaskoa maintenant complètement sec et juste au bord de ce dernier. Il s'agit d'une perte temporaire qui suit le pendage incliné de la roche, il en sort un fort courant d'air glacial. Curieux de voir la suite, Tristan et moi s'y engageons tandis que Philippe reste à l'entrée. Il nous précise qu'un tir est en attente depuis quelques mois et que si nous avons une pile il faudrait le déclencher... Nous arrivons sur un beau puits de 10 m qui donne sur une salle et une grosse trémie. Nous nous y engageons – elle a l'air stable – quelques passages plus étroits plus tard, nous arrivons devant un boyau qui libère un grondement au fond : eau ou air ? Il semblerait que ce soit de l'air mais on se met à rêver que ce pourrait être l'accès à un collecteur qui drainerait toute l'eau qui se perd au dessus et qui irait vers la résurgence principale du massif, la source de la Nive, à 380 m plus bas en altitude ! En est ce l'accès ? il faudra batailler sévèrement avant de le prouver sinon par coloration. Tristan sort une pile de ses poches, la ligne de tir est toute boueuse et mal en point, on n'y croit pas trop mais on met le contact. Un claquement violent nous percute les tympans à notre grande surprise et le roc est par terre : succès de notre visite. Nous remontons.
Juste en amont, Philippe nous montre une curiosité : en mettant la tête dans unrenfoncement du rocher on peut entendre un grondement, or il n'y a pas de courant d'air sensible : est ce le bruit du ruisseau souterrain que nous entendons ? Si c'est le cas il n'est vraiment pas loin et cette zone est très réjouissante !! Encore un peu plus en amont, encore un trou souffleur dans le rocher mais pas encore ouvert...
Nous repassons à l'EL 11 récupérer quelques affaires laissées là et la longue rallonge électrique que nous avons sortie car elle ne sert plus à rien.
Retour au cayolar après un croisement olé-olé avec un autre véhicule. Peio, mon ancien collègue de travail et ami est là pour manger avec nous. Il a croisé Ramuntxo le berger, marié la semaine avant, monté avec sa femme au cayolar pour faire des photos devant.
Apéro, tortilla et poulet. Nuit de pleine lune.
Dimanche 2 août 2015
Philippe, Tristan, Olivier D.
Vent sur la montagne, grand soleil. Le temps se met au beau fixe.
Pour appréhender le massif, Philippe nous embarque voir les pertes de Sayarre à la limite d'Urkulu et du Mendilaz, qui est la continuité du massif calcaire sur le versant navarrais. Suite aux pluies de l'avant-veille, l'eau coule pas mal et se perd dans la dizaine de pertes en suivant la limite de la forêt. Le SY 11, exploré actuellement par le club de Pampelune, les Satorrak (les Taupes en basque), a livré une rivière à - 300 m qui serait la rivière de la Hoya que nous retrouvons dans le Behiako Lezia, une coloration permettrait de prouver avec certitude cette hypothèse. Une rivière qui coule en méandres paisibles se perd intégralement dans la terre à moins de 50 m du SY 11.
Retour par un sentier de randonnée dans les bois où nos trouvons quelques girolles.
Nous faisons une pointe en voiture jusqu'à la Fabrica de Orbaitzeta, c'est-à-dire à l'ancienne fonderie de canons et fabrique d'armes espagnole. Le lieu présente encore de belles ruines qui permettent de visualiser l'importance des installations mais fermées aujourd'hui et cadenassées. Nous passons outre pour s'approcher suffisamment des fours et du grand canal d'amenée d'eau.
Retour au cayolar pour déjeuner.
Le vent a faibli et la chaleur devient lourde.
Philippe, Tristan et moi retournons à l'EL 11, bien décidés à en découdre avec les étroitures ! Le puits d'entrée est resté équipé et la descente jusqu'au fond est rapide, Philippe et moi préparons 2 tirs pour élargir l'étroiture d'où l'on peut voir un ressaut. Aujourd'hui le vent est encore plus violent que la veille avec encore ce bruit de grondement : air ou eau ?
Sur les 2 tirs, un seul est efficace et parvient à pousser de la roche. Le problème étant que la force des tirs a fissuré la roche en place, ce qui rend les tirs suivants inefficaces. Tristan nous rejoint et à l'aide de la massette dégage un passage où il s'engouffre. En bas de ce ressaut il découvre un passage de 10 à 20 cm qui laisse échapper un violent courant d'air qui provoque de bruit de grondement. Nous avons d'ores et déjà un réponse à nos questions : ce n'est pas le bruit de rivière qui avait attiré nos oreilles depuis le début. De l'air, mais en quantité moindre, sort aussi d'un petit puits borgne visité par Tristan et il va falloir prévoir de faire de nombreux tirs pour élargir ce dernier passage ventilé.
Pour l'instant il nous élargir l'étroiture précédente, nous faisons 2 tirs sans résultats et il nous faut jouer de la massette et de la pointerolle.
Nous mettons à jour de gros fossiles enchâssés dans la roche et parvenons à en extraire un, le plus gros, qui ressemble à un coquillage conique de 16 cm de haut sur 8 cm de large, nous le ramènerons au cayolar pour en prendre des photos afin de l'identifier.
Philippe est transi de froid et remonte nous attendre à la surface.
Nous tentons de faire un tir mais toute la roche est fracturée, nous reprenons les massettes et burins, Tristan en bas de l'étroiture et moi en haut parvenons à l'élargir significativement au bout de trois quarts d'heure de labeur acharné.
Il est 19h passées, nous arrêtons et remontons retrouver Philippe.
Dehors la chaleur est là, lourde et contrastant avec la température froide du gouffre.
L'épaule d'agneau achetée vendredi nous inquiète un peu car elle était stockée dans un bidon étanche à l'ombre mais passée sur le grill, elle s'avère succulente.
Soirée de pleine lune, pas de vent, temps très doux.
Lundi 3 août 2015
Philippe, Tristan, Olivier D.
Grand beau, chaleur dès le matin.
A la radio, Philippe entend que Météo France émet une alerte orange pour des orages en soirée sur la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
La matinée se passe à préparer du matériel de désobstruction.
La chaleur est écrasante, nous montons à lagrotte d'Oyenbeltxa avec Tristan pour lui montrer les griffades et les bauges à ours, nous constatons que la cavité aspire fort contrairement aux autres trous vus sur le massif. Décidément, l'aérologie des massifs calcaires nous pose problème !
Au retour, nous passons par les bois pour rejoindre le cayolar de Leize Handi, et arrivons dans un magnifique lapiaz très faillé. Tels des setters de chasse, nous nous mettons à fureter, la truffe au vent, vers d'éventuelles cavités dissimulées par les amas de feuilles des hêtres innombrables. Et très vite je tombe sur une beau puits d'une quinzaine de mètres qui se développe dans une faille mais nous n'avons aucune corde ni amarrages. Nous nous contentons de le pointer au GPS avec la promesse d'y revenir vite ; ce doit être déjà connu mais il manque à l'appel dans l'inventaire des cavités du massif. A voir donc.
Arrivée de Serge qui a poussé jusqu'au cayolar d'Urkulu, au dessus, pour nous ramener du fromage de brebis. Mathieu arrive lui aussi en soirée.
Le temps a changé, la brume est montée et les orages se délestent d'un peu d'eau.
Grillades traditionneles pour le repas.
Mardi 4 août 2015
Mathieu, Serge, Philippe, Tri
stan, Olivier D.
Brouillard sur la montagne.
Nous sommes réveillés par les bergers venus faire le comptage du troupeau poussés par les autorités navarraises. Nous les invitons à partager notre café.
Vers 10h30, les équipes s'organisent : Tristan et moi iront faires des tirs à l'EL 11 tandis que Serge, Philippe et Mathieu ouvriront le G 1, un trou souffleur exploré dans les années 80 par le Ziloko Gizonak mais bouché depuis par un gros bloc de pierre. Nous mangeons à Elhursaro à la voiture puis acheminons le matériel vers le G 1.
Le temps est toujours au brouillard mais se lève un peu.
Nous croisons le berger du cayolar juste à côté, nous lui demandons si nous pouvons ouvrir le gouffre ; pas de problème si nous barrons l'entrée pour que ses 4 beaux cochons n'y tombent pas ! Nous dégageons l'entrée à la main et évacuons tous les blocs possibles et le gros bloc qui se trouve à l'entrée est comme une épée de Damoclès suspendue au dessus d'un puits de 18 m. Il faut le faire disparaître : un seul petit trou et le voila dissous instantanément : le résultat nous surprend par l'efficacité ! Serge équipe pendant que tout le monde récupère des blocs, des branches pour protéger l'entrée de la chute des bêtes.
Vers 14h, Tristan et moi partons reprendre la désob au fond de l'EL 11, le ruisseau en bas ne coule plus et l'eau a disparu...
Les puits sont vite descendus et nous nous retrouvons à pied d'œuvre devant le petit conduit d'où l'air s'échappe avec force et bruit.
A deux en bas du ressaut, la place est comptée et il nous faut nous remplacer pour évacuer tous les cailloux venus du haut dans le petit puits parallèle et pour dégager le petit boyau horizontal qui est la suite à élargir. Le premier tir marche fort, nous continuons avec 2 autres qui font “coups de canon” puis un suivant portera ses fruits. Tristan jette un caillou et il semblerait qu'il y ait un nouveau petit ressaut derrière l'étroiture. Nous sommes congelés par le courant d'air, nous remontons, dégueulassés par la boue et l'eau. Philippe, Serge et Mathieu nous attendent aux voitures, le trou G 1 est bien clôturé. En bas du P. 18 d'entrée, à gauche, le trou se développe dans un méandre sur une vingtaine de mètres qui s'arrête sur un colmatage de boue. Une petite escalade de 5-6 mètres laisse échapper un fort courant d'air mais non vu par manque de corde et de matériel. Serge et Mathieu ont creusé en bas du puits, à droite dans la terre meuble d'où souffle aussi du courant d'air. Pas de suite entrevue.
Philippe et Serge repartent chez eux, Tristan revient au cayolar tandis que Mathieu et moi descendons à Garazi pour faires quelques courses de ravitaillement. Puis nous remontons au cayolar par St-Michel dans un brouillard épais et humide.
Apéro, magrets grillés et patates à la poële en écoutant de la musique...
Mathieu dort à la belle étoile.
Mercredi 5 août 2015
Mathieu, Tristan, Olivier D.
Grand beau, soleil et léger petit vent. Le ciel est bleu sans nuages.
D'un commun accord nous abandonnons l'idée de descendre au Behiako Lezia pour se concentrer sur la désob et avancer dans l'EL 11. La matinée se passe à boire du café, lézarder au soleil et préparer quelques outils de désob.
A 14h, nous sommes à pied d'œuvre devant l'EL 11, il fait très chaud. Nous avons pris avec nous un morceau de plastique qui servira à boucher le petit trou du fond pour nous épargner du courant d'air glacial. Descente rapide, Tristan prépare un tir qui ne part pas. Nous pensons que la ligne est défectueuse. Un trou est repercé à côté mais refuse également de partir. De mon côté je cogne le boîtier d'alimentation de ma lampe électrique qui se coupe et impossible à redémarrer à cause d'une fausse manip : c'est la poisse complète, inutile de rester à se cailler dans ce putain de courant d'air, nous remontons dépités avec la ligne électrique pour la tester.
Quant à être dans le secteur, nous amenons Mathieu voir l'entrée du trou perte dans le ruisseau d'Orion, le G 701. Le temps change et se couvre.
Lorsque nous arrivons aux abords du trou nous le repérons grâce au nuage de vapeur qui en sort ! Juste en amont, nous retrouvons le petit trou qui laisse entendre un bruit de rivière ou de courant d'air (???). Tristan trouve un trou juste au bord du ruisseau, qui est depuis longtemps à sec, qui souffle fort encore une fois ; nous construisons un cairn pour le retrouver car nous n'avons ni carte, ni GPS sur nous... Cette zone en sous-bois est magnifique, un beau lapiaz mangé par la mousse s'étend devant nous, et nous partons prospecter les alentours sur le versant de la forêt d'Orion. Rapidement Mathieu trouve un petit porche barré par un bloc de pierre d'où sort un courant d'air net. Un boyau pénétrable part et nous pensons à de l'archéo, à vérifier. Puis Tristan trouve un autre porche qui souffle très fort. Nous sommes contents de nous, les découvertes nous consolent des tirs foireux dans l'EL 11.
Le brouillard est tombé sur la montagne, Laurent Dup's nous attend au cayolar.
Apéro, grillades, le brouillard est humide et Mathieu ronfle généreusement dans le cayolar.
Jeudi 6 août 2015
Laurent D., Mathieu, Tristan, Olivier D.
Le soleil est de retour avec de belles écharpes de brouillard qui se déroulent au gré du vent.
Café, petit-déjeuner au soleil.
Tristan teste la ligne électrique utilisée la veille mais elle fonctionne très bien, donc ce sont les charges qui ont merdé. Tristan bricole un nouveau bourroir avec une grille de barbecue.
Nous partons vers 11h sur la zone Elhursaro avec un peu de cordes, du matos de désob car nous allons directement aux 3 nouvelles entrées trouvées la veille. Au retour, nous projetons de descendre dans l'EL 11 neutraliser tout ce qu'il y a en place.
Le sous-bois est humide, nous mangeons devant le trou découvert par Tristan. Mais on commence à gratter le trou découvert par Mathieu ; Tristan s'avance dans le petit boyau, ça continue mais le courant d'air est moindre que la veille. Je prends le relais et arrive à avancer sur 4 ou 5 mètres dans une galerie unique : au fond, un petit trou d'où sort un peu d'air, sûrement une entrée extérieure qui amène cet air. Pas de suite.
Nous allons aussitôt au trou souffleur de Tristan, le vent est énorme et gronde au fond de la cavité. Tout le monde se met gaiement à dégager la terre à la pelle qui obstrue le porche et Laurent jubile, il retrouve l'excitation de la première. Les pierres et les feuilles mortes volent, la terre est extraite avec une vieille bassine trouvée dans le lit du ruisseau : le dessous du porche est dégagé à grande vitesse. Au fond, nous dégageons l'étroiture d'où s'échappe le terrible courant d'air, je le mesure à 6 °C et sommes obligés de se relayer pour gratter. Mathieu est nauséeux, du coup Laurent lui prend sa combinaison et son casque pour nous aider à avancer. Très vite une galerie pénétrable se dessine après une étroiture qu'il va falloir agrandir au préalable. Le vent est tellement violent qu'il nous empêche de nous entendre entre nous lorsqu'on se trouve avec la tête dans l'étroiture. C'est du jamais vu pour nous tous, la seule référence de vent violent que nous avions c'était le GA 1 dans les Arbailles, mais ici c'est encore quelques crans au dessus en terme de puissance ! Dingue !
Après un tir, Tristan passe l'étroiture et disparaît et j'attends, je ne l'entends plus puis au bout d'un moment il m'appelle, je le suis, ça continue !
Après l'étroiture, nous rentrons dans une vaste trémie qui, sur le haut a l'air moins stable que ce que nous verrons plus bas. L'air s'échappe d'entre des blocs instables, il n'y a rien à toucher, ça passe. Je reste immobile pour ne pas provoquer des chutes de pierres sur Tristan qui part dans un ressaut d'où vient l'air. Les blocs plus bas sont énormes et sont bien calés, il descend encore en farfouillant et se faufilant entre les blocs, les fissures, les étroitures, pour trouver la suite. Au bout d'un moment, je le rejoins mais gêné par un bloc conséquent instable, je le pousse mais il se coince en plein dans le passage. J'essaie de le dégager à coups de pierre mais il ne fait que se coincer encore plus. Il faudra penser, pour les prochains qui iront, à amener une massette pour le faire tomber définitivement. Nous continuons à regarder, fouiller partout en suivant l'air, certains passages sont très étroits et Tristan repère ce qui est le terminus actuel : il s'agit d'une petite faille très étroite mais l'air qui s'en échappe est beaucoup plus faible que celui que nous avons à l'entrée. Nous remontons retrouver les autres en prenant toutes les précautions et leur faire un compte-rendu de la suite. Le trou est baptisé à l'unanimité “Le Réacteur” au vu de son souffle violent et bruyant et numéroté AM 702 car il se trouve sur la zone Amuladoy à 800 m d'altitude.
Retour à la voiture, il est 18h30 passées et nous abandonnons l'idée de descendre dans l'EL 11 maintenant.
Au cayolar, nous retrouvons Philippe, Serge et un nouveau au club, Laurent et son chien. Le temps est doux et agréable, nous sortons la table massive du cayolar à l'extérieur sur la "terrasse". Apéro. Alexis nous rejoint avec les bras chargés de pizzas qui sont vite avalées. Grillades de saucisses, discussions tardives d'anciens combattants, la Voie Lactée s'étale sous nos yeux admiratifs.
Vendredi 7 août 2015
Philippe, Serge, Tristan, Olivier D.
Nous sommes dans le brouillard au réveil. Laurent est obligé de nous quitter à cause d'un impératif familial, Alexis est parti lui aussi vers 7h du matin pour accompagner un groupe. Laurent Dup's et Mathieu partent eux aussi, nous leur confions les poubelles et le verre du camp.
Serge prépare le matériel et Philippe, Tristan et moi partons à quatre visiter l'EL 71, le trou le plus concrétionné du massif. Après la marche d'approche, toujours dans la zone Elhursaro, nous arrivons au bord de la petite entrée du trou, on sent nettement un courant d'air. Il est 11h30, Serge part devant équiper le premier puits, ça merdoie avec la longue déviation qui lâche à mon passage. Ensuite Serge m'invite à passer devant pour voir si je me souviens des passages mais je me trompe aussitôt : j'avais oublié que ce trou était aussi labyrinthique ! Nous prenons une bonne suée dans les passages étroits et rampants jusqu'à découvrir les plafonds concrétionnés d'aragonite. Serge continue d'équiper aux petits oignons jusqu'au fond, les deux cascades qui se jettent dans la salle terminale arrosent bien mais le niveau d'eau est plutôt bas. Tristan et moi suivons la rivière qui disparaît dans un laminoir puis nous grimpons dans une galerie fossile juste au dessus où des tirs ont été réalisé. La ligne est toujours en place et part dans une étroiture où Tristan s'engage pour voir ; après quelques mètres ça queute. Nous cassons la croûte au dessus des cascades puis nous remontons vers la sortie, Tristan se colle au déséquipement. Nous nous perdons dans les passages clefs mais Serge nous remets dans le droit chemin puis il se paye le luxe de nous faire une démonstration de remontée en alternatif : magistral !
Il est 16h lorsque nous émergeons du trou. Sur le retour à la voiture, Serge, Tristan et moi allons voir un trou clôturé de barbelés ; il s'agit d'un trou descendu depuis longtemps au vu du Spit rouillé que nous retrouvons : une verticale d'une vingtaine de mètres est estimée.
Le brouillard est toujours là, même s'il est moins épais dans la grande cuvette d'Elhursaro. Sur la route du retour au cayolar nous le retrouvons plus épais : visibilité nulle comme d'hab.
Nous mangeons ensemble – des saucisses grillées – et Serge nous quitte vers 21h pour retourner chez lui en bas, dans la vallée.
Brouillard et crachin humide.
Samedi 8 août 2015
Tristan, Olivier D.
Réveil dans le brouillard, le crachin et la pluie. C'est le pire jour de la semaine !
Philippe qui voulait aller voir le souffle légendaire de l'AM 702 dit du “Réacteur” renonce et nous quitte. Tristan et moi devons retourner à l'EL 11 où se trouve du matériel du SCP, pourtant nous n'en avons aucune envie, surtout à l'idée de ré-enfiler les combinaisons humides... Nous nous faisons violence pour se décider et partons affronter les éléments quand la pluie se calme. Je reçois un message de Laurent qui me prévient que Météo France a lancé une alerte de fortes précipitations.
Le ruisseau coule de nouveau ainsi que la cascade qui a retrouvé un bon débit. Nous descendons les puits qui, pour la première fois, sont bien arrosés et en bas, ça mouille copieusement. Sans perdre de temps, nous préparons un tir qui à nouveau ne part pas. C'est la cata, nous n'avons pris qu'une batterie et il faut dégager tout ce que nous avons mis auparavant. Nous refaisons un tir, qui cette fois, marche très bien et enlève ce qui avait été mis. Mission accomplie, nous remontons passablement trempés. Je déséquipe le puits d'entrée et nous remontons à la voiture. C'est la fin d'après-midi et nous revenons au cayolar pour commencer à ranger et regrouper les affaires étalées partout depuis plus d'une semaine. Le feu ronronne à l'intérieur où nous pouvons nous sécher, Alexis nous rejoint pour manger ensemble où le menu est fait de tout ce qu'il reste en nourriture. La tente de Tristan commence à prendre l'eau. Nuit humide.
Dimanche 9 août 2015
Alexis, Tristan, Olivier D.
Le temps est encore au brouillard et au temps merdique.
Nous rangeons, nettoyons le cayolar, empilons tout le matériel propre et sale dans la voiture. Alexis nous propose de descendre chez lui pour nettoyer les cordes et le matériel de Leize Mendi chez lui.
Nous quittons le cayolar en remettant la clé à sa place pour descendre dans la vallée où nous retrouvons un semblant de beau temps sans soleil.
Un arrêt à Saint-Michel pour acheter du fromage de brebis au berger que nous avions rencontré à Elhursaro.
Machine à laver, Karcher, le nettoyage va bon train quand Serge passe nous filer un coup de main. Nous mangeons un bout chez Alexis puis nous prenons la route du retour. ABayonne, nous faisons un petit détour chez Laurent pour récupérer mon GPS, qu'il avait embarqué par mégarde.
Et de nouveau la longue route vers le Périgord la tête remplie de courants d'air froids et violents !
En bref, un camp productif mais limité à cause du manque de participants face à tous les objectifs qui s'offraient à nous. L'idéal aurait été de pouvoir fonctionner en deux équipes voire plus pour avancer sur plusieurs trous en même temps, je pense ici à l'EL 11, le G 701 et l'AM 702. Cavités qui pourraient être un accès “rapide” vers un collecteur des eaux de toute la zone Elhursaro, qui correspond à la grande cuvette du même nom et représente une immense bassin versant. D'autant plus que les nombreuses pertes des ruisseaux sont des indices probants d'une possible circulation d'eau souterraine importante. Circulation renforcée par la disparition intermittente des deux ruisseaux principaux qui drainent la zone comme celui d'Oillaskoa. La question de la résurgence de ces eaux est toute aussi intéressante : la Nive mais pourquoi aussi les 3 autres résurgences secondaires du ravin d'Orion : Bazacharre 102, 103, 104 ? Les forts courants d'air observés dans toutes les cavités posent également problème : 6 °C est une température froide par rapport à la température relevée dans les principales cavités du massif qui est en moyenne de 11 °C. La chaleur extérieure ne faisant que renforcer la violence des courants d'air. Circulation de failles qui expliquerait la violence des courants d'air ou présence réelle de gros volumes souterrains ? Telle est la question et la nécessité de continuer à chercher dans cette zone et envisager de procéder à une coloration sérieuse du secteur qui apporterait sans doute des réponses à toutes nos questions ! Au boulot les taupes !!
Olivier D.
PS : le restant des photos est dans l'album " camp Urkulu 2015 "