Escalade souterraine au gouffre Etchar
24 avril 2023
David I. & Darioush
TPST : 9h30
Tu sais pas quoi faire de tes vacances ? Et si on en profitait pour tenter l'escalade du puits remontant de la salle Nemo ?
David n'a pas pu résister très longtemps à l'appel des profondeurs...
Nous voilà donc vers 9h00 au-dessus du cayolar Lükünebeheti, avec une météo de fin d'automne qui traverse toutes les mailles. Qu'à cela ne tienne, on s'active autant physiquement que mentalement pour inventorier et rassembler tout le matos nécéssaire, non sans brasser une bonne dizaine de fois l'arrière du camion à la recherche d'une plaquette orpheline ou d'un marteau fugueur.
Une petite heure plus tard, on se décide enfin à rejoindre l'entrée du trou armés de trois kits bien garnis. Au vu de l'état de la clôture barbelée, elle a dû servir de gratte-cuir depuis notre dernier passage. Le franchissement n'en sera que facilité !
On en profite pour doubler la corde du P50, sur laquelle nous descendions bien peu confiants et en serrant...les dents.
La salle Nemo n'est pas des plus sèches aujourd'hui, le P60 remontant dégouline à grosses gouttes qui éclaboussent dix mètres à la ronde.
La fameuse paroi ne va pas s'avouer vaincue aussi facilement, un vrai petit casse-tête de roche aussi résistante que du sucre en morceaux. Analysons, analysons comme dirait David ! On demande quand-même l'avis de ChatGPT qui nous suggère, avec pertinence et bonne volonté, d'utiliser l'hélico du PGHM. Vu le prix actuel du mazout, on laisse l'idée de côté pour le moment...
Et pourquoi pas tenter un lancer d'aiguille, cette petite patate au bout de sa ficelle que nous avons justement pensé à descendre ? Un pont de calcite à 5-6 mètres s'y prête à merveille. Et le 1er lancer est un succès retentissant, quelle maîtrise ces cordistes ! Il n'y a plus qu'à hisser une corde statique, puis David s'engage également avec la dynamique qui servira à atteindre le prochain palier.
Le caillou digne de ce nom se fait rare pour placer les points d'amarrage, paraît même que ça s'appelle de l'art-tif, de l'art un poil tiré par les cheveux...
Le premier fractio posé, je grimpe à mon tour afin de relayer l'assurage de mon coéquipier. C'est pas beaucoup mieux là-haut mais les idées fusent.
Tout ce pan de mur n'est qu'une énorme coulée de mondmilcho-calcite qui aura pour seul avantage de ne pas user les forets du perfo.
Ça perce, ça enserre, ça tricote, ça pédale et voilà notre chimpanzé qui s'élève encore de quelques mètres. Nouveau fractio et nouvelles difficultés. Plus qu'un dernier plan incliné à franchir et le tour est joué, mais la marche est haute. Analysons, analysons ! Et assure-moi si tu peux ! Tiens c'est comme ça qu'on va l'appeler cette escalade...
Finalement, il s'en sort bien le grimpeur. Pas loin de vingt mètres de sueur. Et là-haut, c'est plat, c'est grand avec du bon caillou qui va gagner deux goujons de plus.
Belle perspective sur la salle Nemo et hauteur vertigineuse au-dessus de nos têtes, pas moyen d'en distinguer nettement le plafond ou une éventuelle fenêtre. En tout cas, ça continue à l'horizontale dans une diaclase au cheminement chaotique et instable qui débouche assez vite en haut d'un nouveau P10. Encore quelques goujons de placés et l'on s'empresse d'aller voir la suite. Pas besoin de fouiller très longtemps, la ventilation est efficace par ici ! L'air souffle d'une fente calcitée d'à peine 20cm x 1m. Le casque ne passe pas mais la petite salle, ou le petit puits qui se trouve derrière répond bien par l'écho. Encore une désob facile.
Le déséquipement, ce sera pour plus tard...
Darioush
Photos : David I.