Exploration scinetifique à Aincille
Compte rendu de Florian Malard lors de la visite de la grotte d'Aincille.
Il y a là dans la grotte d'Aincille toute une communauté aquatique composée d'organismes strictement souterrains mais aussi des organismes de surface (les gammares). La présence d'organismes de surface tels que les gammares (amphipode) signifie soit que ces organismes pénètrent dans la grotte à partir de la source soit qu'il y a une perte de ruisseau à l'amont. J'opterai dans ce cas pour la première solution mais les spéléos en savent certainement plus que moi à ce sujet.
Dans les Pyrénées, quatre espèces de proaselles strictement souterrains (Isopodes aquatiques) et morphologiquement distinctes vivent dans des grottes très proches: ce qui souligne encore la richesse des Pyrénées et le haut niveau d'endémisme dans cette région (aire de distribution des espèces très restreinte).
Par ailleurs, nous utilisons l'ADN de ces proaselles pour regarder si au sein d'une même espèce morphologique les populations sont génétiquement très proches. Or, nous savons désormais que dans les Pyrénées les populations d'une grotte sont en général très divergentes génétiquement des populations des grottes voisines. Ainsi, Proasellus vandeli de la grotte Lamina CCC est plus proche génétiquement de Proasellus spelaeus de la grotte Extankozola qu'il ne l'est de Proasellus vandeli de la grotte du Gendarme. Par ailleurs, Proasellus spelaeus de la Grotte d'Aincille est aussi très divergent de P. vandeli, P. aquaecalidae et P. spelaeus. Il y a des régions où chaque population apporte son lot de diversité, à tel point que chaque population pourrait être considérée comme une nouvelle espèce: c'est typiquement le cas des Pyrénées.
Nous sommes donc très loin
d'avoir découvert toute la diversité de ces proaselles dans les Pyrénées et
toute nouvelle population découverte risque d'apporter son lot de surprises.
Nous en profitons pour remercier les spéléos, notamment Jean-Pierre et Serge,
pour leur aide, leur accueil et leur gentillesse qui facilitent grandement nos
récoltes.
Florian Malard, Christophe Douady et Claire Morvan
(Équipe d'Hydrobiologie et Écologie Souterraines, Université de Lyon)