Coume Ouarnède épisode 3
Samedi 13 novembre 2010
"Les cascades attaquent !” - Traversée Indomptables - Pont de Gerbaut
Le lendemain matin après une bonne séance d'étirements, de jogging matinal au son des cloches des paisibles vaches et un long salut au drapeau de notre Ikurriña, les troupes sont alignées devant la porte dans un alignement à faire pâlir un juteux-chef nord coréen ! Quelle organisation, quel ordre ! Au son des cantiques nous partons vers le gîte des frères Limogeots pour s'enquérir des nouvelles informations : la veille ils se sont bien trempés dans les puits du Trou du Vent mais le beau temps fait espérer une baisse générale des niveaux d'eau, quant à Jean-Mi il est parti avec ses trois condisciples depuis plus d'une heure. Tout va bien, nous en profitons pour lézarder au soleil, pardon, faire des abdos, pendant que les autres organisent la navette des voitures.
Nous sommes nombreux aujourd'hui : ceusses des deux jours précédents : Marie, Jérôme, Alexis, Gillen et moi même auquels s'ajoutent, aujourd'hui pour cette traversée, Serge, Stéphane, Nicolas, Mathieu et Max. Nicolas a un peu la pression, c'est sa troisième sortie sous terre mais nous sommes là pour l'aider !
Les puits des Indomptables sont descendus cahin-caha, c'est normal, il faut que nous prenions le rythme. Au vu de notre entrée tardive, nous décidons de manger au bas de la gigantesque salle du Trou du Vent avant de se mouiller. C'est l'occasion de déguster prestement une bonne bouteille de vin rouge que Jérôme nous a descendu : merci M. Nicot-Dubourg ! Une fois nos estomacs calés à peu près, les choses s'organisent : et c'est au génie de l'organisation que tient le succès d'une expédition (à noter je vous prie). Et des génies, il en manquaient pas !
Alexis prend la tête car c'est le seul qui connait notre itinéraire, les autres suivent et c'est Stéphane qui déséquipent les puits précédés de Mathieu et qui descendra en technique "rappel” pour que nous ramenions le matériel des Limogeots qui avaient équipés en fixe les puits arrosés du Trou du Vent : quele organisition les enfants ! Bref, devant le pertuis ce n'est pas la bousculade mais ça passe mieux que deux jours avant où je m'étais copieusement mouillé. Ensuite les puits se succèdent plus ou moins arrosés, plus ou moins hauts, plus ou moins larges. L'ambiance a changé, tous se pressent pour passer le moins de temps sous les éclaboussures d'eau, surtout que le courant d'air froid n'incite pas à la rêvasserie ! Sauf pour notre souletin de service qui, n'y voyant pas grand chose avec son éclairage antédéluvien, se prend une bonne partie des 36 cascades (au moins) sur la tête, mais il garde le sourire ! Le dernier puits de 10 m s'avérera très arrosé et pour tout le monde !! Stéphane et Mathieu se débatent dans les manœuvres de cordes mais ils vont vite. Cette partie du réseau est très esthétique, de grandes coulées de calcite blanches tranchent avec le calcaire noir des puits et les formes d'érosion sont d'autant plus marquées dans cet univers sauvage et bruyant à la fois. En bas des puits nous nous partageons les cordes retirées du TDV et nous continuons la balade dans d'autres paysages. il nous faut remonter des petits puits pour rejoindre enfin la partie fossile de cette traversée. Et là, c'est le concours de bêtises collectif : c'est à qui passera le tour de l'autre dans la remontée des cordes en escalade, en opposition, sur le casque de l'autre, etc. Sauf que tout le monde a oublié Nicolas qui se retrouve tout seul en bas du puits à batailler à remonter comme il peut. Je suis le premier à m'en rendre compte (j'ai un tonneau de rhum au cou et une grande auréole qui flotte au dessus du casque) et le guide dans les passages non sans pester contre tous ces ingrats !! Nous sommes dans le sec et le cheminement à l'horizontal va durer un bon moment. Les volumes au puits Jeannot sont magnifiques, le calcaire est devenu gris clair-bleuté, de longues concrétions pendent du plafond, le bruit de l'eau des cascades a cédé la place au silence, amen. Nous avançons à un bon rythme, c'est mieux pour se sécher et enchaînons différents obstacles dont un long passage en vire au dessus d'un puits sans fond et où nous observâmes l'aisance bas-navarraise, voire la grâce naturelle par rapport aux habitants de l'autre côté du Col d'Osquich...
Nous traversons en essayant de sonder de nos lampes les plafonds de la gigantissime salle Elisabeth Casteret mais en vain, pour gagner par degrés successifs la base des puits du Pont de Gerbaut. Nous scindons le groupe pour accélérer la remontée : certains veulent d'abord grignoter un bout, d'autres comme Serge, Mathieu et moi ramassons les kits les plus chargés pour prendre un peu d'avance. Les puits, au début sont étroits et techniques puis s'élargissent mais n'en demeurent pas moins humides. En bas du puits d'entrée, nous entendons des voix et il s'agit des collègues toulousains du SC EPIA venus eux aussi se balader sur la Coume ! Arrivé en haut, Stéphane nous a rejoint avec Gillen et en dessous de moi à mi-puits, me demande de poser une seconde corde qui accélèrera la remontée des autres. Sauf que je n'ai qu'une corde de canyon, rouge que nous installerons comme nous pouvons et que, au final, personne n'empruntera par méfiance ! Il fait nuit, il est plus de sept heures et nous rejognons les voitures. Le sentier est tordu à souhait, brouilé par la chute récente d'arbres mais tels des Iroquois sur le sentier de la guerre nous suivons les traces de nos prédécesseurs. Dans la foulée, après avoir rangé le matériel, nous partons récupérer les voitures restées à la Fontaine de l'Ours pour éviter que les autres le fassent. Nous n'avons plus qu'à passer chez les Limogeots où nous apprenons que tous sont sortis et que nous n'avons qu'à les rejoindre pour manger ensemble. Le temps de revenir au gîte, de laver le matériel (ça c'est une blague), de se laver, de boire l'apéro, de grignoter et de lancer la cuisson des saucisses que Marie, Jérôme, Alexis, Nico et Max arrivent. Après toutes ces agapes, nous réunissons nos munitions à base de prunelles de buisson macérées pour porter l'estocade à nos camarades Limogeots. Mais une bonne partie est déjà au lit et malgré tous nos efforts nous ne réussirons pas à lever Jean-Mi ! A coups de toutes les spécialités réunies sur la table, nous refaisons toute la traverséeet puis on refait le monde pour la énième fois avant de rejoindre nos duvets douillets et affronter en rêve les cascades glacées.
Olivier