Ibañeta à Occabe en hivernale
Randonnée en raquette du 21 au 23 février 2012. Temps ensoleillée et froid.
Participants : Denis V. et Serge P.
Temps de marche (hors pause) : 21h30
Distance parcourue : 58 km
D+ : 2620 m (mini à 746 m et maxi à 1525 m)
Il y a des jours comme ça où tout va dans le bon sens ! Je suis seul à la maison pour 3 jours, la météo promet du beau et froid, la neige est là, je ne suis pas blessé... Bref, tous les feux sont au vert ; alors faut pas hésiter.
Le programme est simple : partir d'Ibañeta pour raquetter jusqu'à Occabe en 3 jours et dormir en cabane.
Il est 16h00 quand je pars d'Ibañeta (1050 m) avec mon gros sac et mes raquettes. J'ai le temps de passer par les crêtes ; en 1 heure, je suis au Mendi Chipi (1525 m). La descente NE se fait dans une neige qui se transforme déjà : une bonne croûte en surface cache une couche de bons petits gobelets, idéal pour une avalanche. Malgré la pente douce, je trace en ligne directe vers la combe pour ne pas cisailler la plaque. Mais je suis averti : le terrain reste piégeux. Après la cabane d'Izandorre (1430 m), je grimpe sur la croupe vers le Changoa (1470 m) : la vue est superbe sur la vallée navarraise.
Je laisse Bentarte sur ma gauche et je rejoins Arnostéguy (1236 m) après 3 heures. Pour rejoindre la cabane de Paoberry de l'autre côté d'Urkulu, je préfère garder des forces pour demain et contourner la montagne par l'est et le col d'Azpegi (970 m). La nuit est déjà tombée quand j'arrive à Iropile (980 m). Je sors ma frontale et mon bonnet, le vent d'ouest est glacial et la température ressentie avoisine les -10°C. Sûr de moi, je longe la route et j'arrive... à la cabane de Minassaro. Zut, j'ai pris trop au nord. Un petit tour de colline plus tard et j'atteins Paoberry (1080 m). Diantre, la clé est sur la porte ! Il est 21 h et je ne suis pas seul ? « Y'a quelqu'un ? » Deux tasses et le sucre sur la table, mais personne. L'eau a gelé dans la carafe : il fait -2°C dans la cabane. Vite, faire chauffer la neige pour un bon thé. A 22h, je suis au fond de mon duvet.
Réveil à 05h pour profiter du lever du soleil. Je laisse la cabane à 06h. Normalement j'y reviens ce soir mais je prends tout mon sac, on ne sait jamais. Après Iropile, je poursuis en crête jusqu'au Mendizar (1323 m). Les lumières de l'aube sont magnifiques.
La neige a bien durci en surface cette nuit et mes raquettes ne marquent presque pas le sol. Ma progression est rapide et je suis plus en sécurité. J'ai quand même branché mon ARVA. Aussi, je plonge en croupe puis en talveg vers Egurgi (820 m) et je traverse le ruisseau à 10h. Je suis alors un GR qui semble aller vers le col de Curutche. Mais à mi pente, il oblique vers le nord et rejoint les crêtes d'Urkulu (1333 m).
La corniche au dessus de Contracharo est impressionnante : je reste en retrait de quelques mètres, même si je m'enfonce un peu. Les pentes sont raides mais les raquettes accrochent bien. Je respire un peu à Curutche : je mange un peu au col d’Oraate (1300 m). Je suis à mi parcours et déjà 6 heures de marche, faut pas traîner en route. La piste continue vers les cromlechs d'Occabe (1382 m).
J'aperçois enfin quelques silhouettes qui viennent de Sourzay : les premières et dernières de la journée. Pour tracer plus facilement, je rejoins Irau (1008 m) et longe la route vers Errozate. Les grues sont de retour vers le nord et le font savoir du haut de leur vol en V. J'atteins le sommet d'Errozate (1345 m) vers 16h00. La descente du col par l'ancien GR10 se fait sur l'herbe : la neige a bien fondue sur les versants sud. Je me vautre quand-même sur le gispet glissant ! Après le pont de Chubigna (746 m), je remonte vers la nouvelle cabane de mon copain berger Jérôme. Encore une heure, et j'arrive bien fatigué à Paoberry (1080 m). Serge m'envoie un texto : malgré sa pneumo-laryngo-trachéo-bronchio-artério-cardio-bactério grippale contagieuse, il vient me rejoindre ce soir. Comme hier, vite, le réchaud, la neige, le thé, le duvet. Et dans l'ordre. Serge arrive de nuit avec ses petits plats, son réchaud minimaliste, ses raquettes bricolées et sa mauvaise mine. Je l'ai entendu craché ses miasmes depuis Orgambide. La nuit fut mauvaise : les ronflements et cauchemars de Serge m'ont épuisé.
Réveil d'ado à 07h30. Il fait déjà jour. Et selon la règle bien connue qui dit que plus on est, plus le temps de préparation est long, il nous a bien fallu 01h30 pour sortir de la cabane. Direction Ibañeta. A 10h00, la couche glacée cède déjà sous notre poids : notre progression est plus difficile. Serge coince un bon quart d'heure devant une congère sous Arnosteguy (1240 m). Je crois qu'il y laisse ses derniers microbes.
Après la longue traversée dans la forêt après Bentarte, bordée de poteaux numérotés tous les 100 m, du 20 au 42B, on déjeune à Izandorre (1430 m), et du chaud grâce au réchaud minimaliste de Serge.
Une dernière montée jusqu'à Lepoeder (1445 m) avant la dernière descente vers la voiture (1050 m).
Encore une navette à faire jusqu'à Béhérobie pour prendre la voiture de Serge et c'est le retour à la maison pour une douche bien chaude et une bière.