Traversée SC 3- La Verna
Et voici le tant attendu récit de la traversée SC3 – Verna. Initialement prévu le 16 février, cette
petite promenade de santé a été reportée pour cause de montée des eaux. Apparemment 2m3
seconde à la Verna c'est beaucoup ! Bref, en cette belle journée ensoleillée, Alexis et moi retrouvons
le reste de l'équipe (Iban, Gilen et Olivier) chez Stéphane histoire de les réveiller un peu. Nous
avons préféré écouter la voix de la sagesse en nous levant aux aurores plutôt que tomber dans un
guet-apens qui dura jusqu'à 4h du matin. Je compris plus tard dans la journée que ce fut un bon
choix.
Rendez-vous donné à 8h45 à la station de la Pierre Saint Martin, nous arrivons presque à l'heure à la
rencontre de l'autre équipe qui nous attend de pied ferme.
Une fois tous réunis, direction le télésiège
Mailhné sur lequel nous profitons d'un magnifique soleil tout en regardant les skieurs et surfeurs se
délecter d'une poudreuse toute neuve. Je commence à me demander si je ne vais pas regretter ce
choix. On enchaîne ensuite avec le télésiège du Soum Couy où une petite brise fraîche nous taquine
le bout du nez.
Petite descente comme des gosses dans la neige sur le boulevard des Pyrénées et
nous voilà à l'entrée du SC3.
10H30 sonne et il est temps d'entamer la descente infernale. Je passe
en tête en enchaînant les magnifiques puits dans une ambiance un peu glaciale. Je profite
pleinement de ces chefs d’oeuvre rupestre jusqu'à ce qu'un petit incident me rappelle que je ne suis
pas seul. Contre toute attente, alors que d'habitude un spéléologue peut entendre un de ses
compères crier ''cailloux !'', moi j'entends crier ''poignée !''. Étrange n'est ce pas ? Bien sûr je ne
dévoilerai pas l'identité de cette maladroite personne qui laissa échapper sa poignée Souletine (oups
un indice!) puisqu'il me semble avoir entendu un dicton disant ''tout ce qui se passe sous terre, reste
sous terre'' (je me demande pourquoi je suis en train d'écrire ce compte rendu du coup). Au bout
d'une heure, nous voilà arrivé au magnifique Liberty Bell qui sera élu à l'unanimité ''plus beau puits
du SC3''.
C'est à partir de ce moment que les choses sérieuses commencent.
J'ai longtemps entendu parlé de la
traversée de la PSM comme étant un terrain de jeu immense où l'on n'a pas souvent à se baisser, où
l'on peut se balader kit sur le dos en toute aisance et pourtant on entame cette traversée dans un
sympathique petit méandre suivi de quelques passages en laminoir. M'aurait-on vendu du rêve ? Je
cède ma place de premier et commence à suivre ''bêtement'' ce troupeau de fous furieux qui courent
partout. Je ne comprends pas tout mais profite tout de même de la beauté des lieux. Quelques petites
images me reviennent dont notamment la ''salle Cosyns'' inscrit en gros sur un bloc. Il s'agit là du
point de jonction avec la Tête sauvage. Je regarde donc discrètement si une corde ne traîne pas par
là histoire de remonter sans que personne ne s'en rende compte. Nous continuons à une cadence
infernale notre périple jusqu'à arriver dans la salle Monique où nous marquons un petit arrêt afin de
nous restaurer avant d'entamer la partie aquatique. Tout en reprenant nos forces, le froid commence
à se faire ressentir et nous fait appréhender quelque peu l'épisode de l'enfilage de néoprène mais
quand il faut y aller, faut y aller ! Une fois changé, nous nous lançons dans la partie aquatique de la
traversée qui ne peut laisser personne indifférent. Après quelques passages dans une eau d'une
limpidité à couper le souffle (c'est peut être sa température qui coupait le souffle), une grosse partie
hors de l'eau nous réchauffe. C'est la salle Susse. Ça monte, ça descend et je commence à me
demander si mes compères ne commencent pas à courir.
Je ne capte plus grand chose à ce moment là jusqu'à ce qu'arrive une zone de répit pas désagréable ;
le Grand Canyon. La progression y est facile et le paysage est à tomber.
Alexis en profite pour
prendre quelques photos. Comme toute les bonnes choses ont une fin, nous arrivons à la fin de ce
passage au niveau de la galerie des marmites.
C'est à ce moment là que mon cerveau s'éteint
pendant quelques temps. Je sais juste que j'en bave et que malgré une description peu élogieuse du
tunnel du vent, je l'attend avec grande impatience pour ôter cette néoprène qui empêche ma
souplesse légendaire de s'exprimer.
Nous y voilà, a ce fameux tunnel du vent où ça ne vente pas tant
que ça. Olivier s'y jette en premier puis tout le monde suit. L'eau est effectivement froide, très
froide. Nous en avons maintenant fini avec la partie aquatique et il ne nous reste ''que'' les grandes
salles. Nous gardons les néoprènes encore quelques temps afin de nous réchauffer un peu après ce
moment saisissant et l'enlevons dans une grande salle. Laquelle ? Je n'en sais rien ! Il faut dire qu'à
ce moment, je perçoit mes chers camarades comme des bip bip, speedy gonzales ou encore flash
gordon ayant englouti des litres de redbull ou je ne sais quel potion excitante. Après un dernier
repas rechargeur de batterie, nous enchaînons les salles les unes après les autres. Ça monte, ça
descend, ça remonte, ça redescend,... Je rallume mon cerveau lorsque Olivier me fait un petit topo
historique à la salle Lépineux sur ce qu'est arrivé à un de nos ancêtres et pères spéléologues, un
certain Marcel Loubens.
Les salles se suivent et je reprends mes esprits au niveau du long, très long métro. J'écoute mes
partenaires qui ne semblent pas d'accord sur où se trouve la salle Quéffelec et quand nous en
sortons. A les écouter, nous y serions entré et sorti trois, quatre fois peut être. Dans tous les cas ce
n'est pas moi qui allais les contredire. Ils raccordent tous leur violon une fois arrivé à la salle Adélie
où je ne sais plus qui me dit ''on est dehors''. En effet, une ''petite'' salle Chevalier plus loin et nous
voilà à la Verna. Enfin un endroit qui m'est familier !!! Un petit arrêt pour imaginer devant nous
l'immensité de cette salle obscure puis plus que 700 mètres de tunnel avant de nous retrouver sous
un ciel étoilé et les pieds dans la neige. Après une petite pause dans la cabane, nous redescendons à
Sainte Engrâce pour clore cette certes épuisante mais magnifique traversée. Finalement,
contrairement à ce que j'ai pu dire maintes fois sous terre, je ne crois pas que j'arrêterai la spéléo.
Nico
Olivier,Gilen,Iban,Nico,Stéphane,Alexis