Lonné Peyret - Salle Stix - samedi 28 janvier 2023
Les 5 fantasques stix
T. P. S. T. : 12 heures
Leize Mendi : Alexis, Brice, David, Thomas Floriot
CDSC 64 : Thomas Boileau
Bon, au début, vu les conditions météo, neige et brouillard pendant les 30 minutes de la marche d’approche, je me dis, avec un peu de chance, on est dans "Blanc", le dernier livre de Sylvain TESSON !
C’est peut être une journée intellectuelle qui arrive, et ça ne me ferait pas trop de mal !
Légende de la photo ci-dessus : Le fameux brouillard de la Pierre… (Paysage polaire par temps de neige un jour de brouilard).
Mais non, ça y est, c’est reparti pour une journée de merde… Une fois de plus, je ne vais pas voir beaucoup la lumière du jour, prendre des chocs, l’humidité, la boue, etc.… Quand je pense que je pourrais être tranquillement installé au chaud dans un studio !
11h15 : A l’entrée Liiibre !! Mon cul oui, libre de rien ! Liiiiibre !!! Faut foncer, pas le choix… Devant ça dévale les puits à bloc, derrière aussi, et moi je me retrouve au milieu, coincé en sandwich. Heureusement, pour amortir les chocs, j’ai quelques protections, mais bon ça cogne quand même dans les virages !
12h00 : Base des puits. Pas le temps de vérifier que je suis encore entier et c’est parti vers le fond du gouffre du Lonné Peyret.
Je connais bien l’expression "Au fond, t’es pas si con’" et c’est bien pour ça que ça avance à bloc afin d’essayer de larguer la connerie ! Ça y est, je viens enfin de comprendre le but de la journée, c’est un contre-la-montre contre la connerie ! On va être servi avec cette équipe ! Pas un pour rattraper l’autre…
13h15 : Passage obligé au stand de l’embarcadère pour changer les pneumatiques des coureurs. On troque le pyjama pilou-pilou pour la néoprène façon SM, c'est-à-dire pas trop épais pour bien sentir l’eau glacée pénétrer !
Toujours pas le temps de vérifier que l’organisme fonctionne correctement…c’est reparti à fond vers le fond. Ainsi fond fond fond, les petits spéléos….
On en parle de la pénibilité au travail, à ce rythme, j’atteindrai jamais l’âge légal de la retraite pour ma catégorie professionnelle….
Ça nage, ça frotte, ça escalade mais sans jamais ramer. Ça avance sans trop se soucier des passages pourtant splendides. Je ferai bien des petites pauses (poses ?) pour immortaliser tout çà, mais le plan depuis le début est : Au fond à fond ! Et les plans, c’est fait pour être suivis à la lettre… On verra bien au retour si on a encore le temps et surtout assez d’énergie.
Sinon dans l’équipe, pour l’instant ça ne manque pas d’énergie. Thomas F. et Alexis, qui connaissent la cavité, en tête du peloton, assurent les principaux relais et recherches d’itinéraire. Thomas B. suit de près le deux premiers et suce les roues, prêt à doubler à la moindre erreur. David et Brice, les coureurs de la catégorie vétéran 5 (quinqua) suivent au chaud dans le peloton, à l’abri du vent.
Puis d’un seul coup, après une énième baignade, ça résonne, ça crie, c’est le sprint final pour arriver au sommet d’une énorme salle !
Enfin, ça va être à mon tour de passer à l’action ! Mon maître, que je supporte depuis 3 ans, me sort enfin de ma pelicase*….Quand je pense que j’ai plein de collègues et cousins qui bossent toute l’année au soleil, au chaud, moi, il a fallut tomber sur le con de service qui fait de la photo en spéléo !
Quelques mouvements pour se dégourdir les boutons, vérifier que je suis encore plein d’énergie et que je n’ai pas trop souffert de la descente et c’est parti pour une nouvelle séance photo.
- Wouah, c’est grand ici, j’ai l’impression qu’on est dans la salle de la Verna que je connais parfaitement, mais en général on y accède par un tunnel en 15 minutes de marche et non pas en 4h de crapahut vertical et aquatique.
Brice me rassure alors un peu en me susurrant à l’oreille : "Bienvenu dans la salle Stix, tu vas voir, ça va bien se passer.’" Et effectivement, le temps de sortir tout le matériel, de briefer les quatre "fantasques stix’" sur les endroits où se positionner et c’est parti mon kiki. La salle Stix est éclairée suffisamment pour commencer la séance photo. Après m’être entraîné dans les grandes salles de la Pierre, je connais mon boulot et en 10 minutes, c’est plié. Maintenant, faut juste espérer que mon proprio, qui est de plus en plus myope, ait bien fait sa mise au point !
Tout le monde se retrouve alors au sommet pour manger un bout et une petite soupe. Je suis encore hors de ma pélicase*, alors j’en profite pour faire une petite photo de groupe des clochards de la stix... Je rassure l’auditoire, ils ont beau être au fond…ils sont toujours aussi cons !
16h10, je retourne dans ma pélicase, mais avec un peu de chance, je devrais en ressortir rapidement. Et effectivement et régulièrement, j’attends Thomas F. crier : "Ça serait pas mal pour faire une photo ici ?’"
Alors je sors de ma boite, tout le monde s’installe et je monte sur mon pied pour immortaliser un passage. Faut dire que cette rivière est, au dire de mon patron "Magnifique !".
Personne ne râle pendant les photos, pourtant, il faut rester immobile dans l’eau et les courants d’air. Ils sont vraiment fantastiques ces fantasques stix !
"Ça serait pas mal pour faire une photo ici ?"
"Ça serait pas mal pour faire une photo ici ?"
"Ça serait pas mal pour faire une photo ici ?"
"Ça serait pas mal pour faire une photo ici ?"
"Ta gueule !"
Ah, cette fois ci, c’est fini…
18h30 On arrive à l’embarcadère. Je reste dans ma boite et je n’en sortirai plus avant la garbure et la bière. Le temps de troquer la néoprène contre le pilou-pilou, manger un truc et boire un machin chaud et c’est reparti vers la sortie. Aux râlements de mon porteur, je retiens que le chaos des Titans, c’est chiant… On retrouve la rivière, la cascade de 8m et enfin la base des puits.
Je suis un peu moins à l’étroit dans mon kit sherpa, vu que mon salaud de proprio s’est débarrassé lâchement d’un peu de matos sur le dos des autres pour être un peu plus léger dans les puits.
23h15, Alexis sort en dernier du puits d’entrée, ou puits de sortie, c’est comme on veut. Dans ma boite, je me les caille !
Il fait -10°C, tout le monde se change rapidement pour ne pas geler sur place ou bien finir comme le pauvre Darioush.
Il n’y a pas de brouillard et les traces de l’équipe "embarcadère" sont bien visibles dans la neige pour le retour mais dans la combe avant la cabanne d’Issord, le blizzard lève la neige fraichement tombée et vient frapper le visage de ces héros des temps modernes qui luttent désespérément pour leurs survies.
Les traces des raquettes dans la poudre blanche s’effacent presque instantanément, et c’est le souffle court mais le cœur chaud d’avoir survécu à cet enfer blanc que les cacahuètes, chips et bières sont ouvertes, au chaud dans un petit appartement de la station.
(NDLR : l’auteur ne prendra JAMAIS la place de Sylvain TESSON…).
Rédacteur : Fujifilm XT-3
Propriétaire du rédacteur : Brice
*Pelicase = boîte étanche pour appareil photo.