T. P. S. T. : 3 h 30 : Frédo, Stéphane, Darioush, Jean-Louis, Joël, Julie, Julien, Serge et Valérie

T. P. S. L'E. 2 h 00 : Frédo et Stéphane

Ignorant pour une fois les usages, je commencerai par "la morale de cette histoire" (larirette larirette) :

IL FAUT TOUJOURS ECOUTER LES VIEUX.

Suivez mon regard. 

Souvenez-vous l'an dernier : à ma description de la nouvelle salle des Crapouillaux (que je n'avais pas pu escalader), Serge et Frédo, sans se concerter et malgré mes doutes, avaient eu la même réaction : "C'est sûr, c'est par là que ça continue". Eh bien, figurez-vous que c'est incroyable, mais... ben c'est par là que ça continue.

Ils sont très forts.

En ce 19 août, nous sommes donc allés y voir avec Frédo. Un seul voyage de portage a été nécessaire, grâce aux nombreux volontaires qui se sont portés présents, un grand merci à Darioush, Jean-Louis, Joël, Julie, Julien, Serge et Valérie !

Equipés de nos bi12 latéraux, nous franchissons rapidement le siphon - 300m en 14min - non sans saluer au passage notre camarade l'habituel euprocte, fidèle au rendez-vous, année après année, posé sur son caillou à -21m. Le miroir de surface franchi, Frédo est catégorique : oui, la suite est bien là-haut et ça part vers la gauche !

Il faut désormais escalader la pente glaiseuse, et ce n'est pas une mince affaire car outre l'argile glissante, il y a aussi là quelques gros blocs à la stabilité douteuse, auxquels nous n'attacherions même pas nos belles-mères. Finalement, ça passe en s'appuyant à la paroi gauche au prix d'une courte échelle. Frédo met un bout de nouille pour moi et poursuit l'ascension tout droit, pendant que je me glisse dans un vague laminoir qui remonte sur la gauche.

Nous nous retrouvons alors dans une belle faille oblique, 6m sous plafond, 15m dans sa plus grande largeur. Le sol est désormais de belle roche noire, sculptée de cannelures et de coups de gouge. Pas d'écoulement aujourd'hui, mais on devine le passage des eaux de pluie par les hauts de la faille, orientée plein nord, et discrètement concrétionnée. D'ailleurs, je ne comprends plus rien, j'avais cru relever la sortie de la vasque droit vers l'ouest... et ma topo en est toute chamboulée.

Oui mais le nord, suivant comment on est tourné, ça change tout !

Quarante mètres plus loin, on bute sur un large puits, d'une quinzaine de mètres, impossible à désescalader sans prendre des risques inopportuns, et s'achevant sur un petit plan d'eau qui communique sûrement avec le précédent. On devine la suite de la faille, un peu plus bas ; et il faudrait aussi escalader la paroi côté est, d'où proviennent les écoulements.

Plus le temps de traîner dans le quartier : l'heure tourne, et les copains vont finir par sérieusement s'inquiéter. Petite suée en découvrant mon tuyau MP à moitié dévissé... mais heureusement intact.

Le retour est sans encombre, nous profitons d'un instant de sérénité en remontant la "galerie des graviers", les mains glissant doucement sur le substrat... C'est idiot, mais je trouve ce contact incroyablement apaisant.

L'euprocte n'est plus là. J'espère que nous ne l'avons pas fâché, après tout c'est le gardien des lieux... Un palier de principe et c'est la sortie, avec 45min de retard sur l'horaire prévu.

En même temps, qui ça étonne ?

Il est alors temps pour un petit baptême de plongée souterraine pour Darioush ! Avec un équipement à l'arrache, une visibilité nulle et de l'eau dans le masque, certes. Mais il l'a fait !!

Un dernier voyage et il nous reste à partager un moment de réconfort autour d'un bon pique-nique au bord de la rivière, en compagnie d'appétissantes charcuteries déambulatoires.

Et il y a intérêt à prendre des forces, parce qu'il va falloir y retourner ! Et cette fois, avec les baudards, le perfo, une corde ou deux... Et puis il reste aussi la partie profonde, avec son réseau principal, à découvrir... Bref, il y a du boulot pour encore vingt ans, dit Frédo - et je crains fort qu'encore une fois, il n'ait raison.

Un très grand merci à tous.

Stéphane.

Compléments de Frédo Verlaguet :

Après avoir acheminé tout le matériel devant le départ du siphon pour sortir les 300 m avec un point bas ponctuel à - 48 m, nous mettrons 14 minutes pour franchir cet obstacle naturel avec une facilité déconcertante (ça, c'est quand tout va bien !) la suite, c'est l'escalade, d'abord, nous l'attaquons de face, mauvaise idée… alors côté droit ???? et là, ça passe, Stéphane me fait une courte échelle et bim, je monte dans une goulotte.

Arrivé en haut, j'amarre solidement une nouille de 10 m autour d'un bloc pour aider Stéphane à monter facilement, la suite, c'est donc une galerie située 15 plus haut que la sortie du siphon qui file plein Nord O° !

Bon, j'avoue, c'est troublant, je vais quand même contrôler mon compas ...... des fois que le plateau bloque ??? je vous tiens au courant…

Après avoir contemplé les lieux tout en progressant, nous voilà arrêtés au bout d'une cinquantaine de mètres sur un puits estimé à 15 m, tiens, faut redescendre pour très certainement retrouver un plan d'eau entraperçu au fond du puits ???

Du coup, un croquis d'explo est en cours de réalisation par Stéphane, pour ma part, je pense qu'une suite est plus que probable en face du puits.

Mais aussi dans la partie haute du pendage qui peut nous permettre de remonter dans un étage supérieur, car il y a de grosses cannelures d'érosions verticales sur le pendage, témoins d'un creusement de haut vers en bas…

Dans le siphon, toujours notre ami l'euprocte à - 21 m de profondeur ! toujours là, fidèle au poste, ensuite, vous regarderez une vingtaine de mètres avant de sortir le siphon en amont, à une profondeur de 8 m.

Il y a de grandes chances pour qu'il y ait un départ de galerie qui pourrait être parallèle au pendage, ou peut être nous permettre de shunter le puits de 15 m qui nous a stoppé dans notre progression ???? À suivre !

Mais dans tous les cas, il faudra monter post-siphon pour faire l'artif de 15 m environ sur le pendage, histoire de contrôler qu'il n'y a pas les galeries du Béhia au-dessus !

Une dernière chose, je valide bien que notre dernière découverte, aussi grande en terme de volume soit-elle, ne fait pas partie de l'amont, aucun écoulement, n'y circulation d'eau, n'a été observé.

Donc, je conclus (car il faut conclure...) une super plongée et une super explo post-siphon avec Stéphane !, mais il reste encore à trouver l'extrême amont avec son réseau plus profond dans la partie basse du pendage.

Très certainement soit dans la galerie " ce n'est pas par-là ", soit dans la zone entre - 21 m et - 42 m dans le puits.

La Nive, un vrai gruyère Basque !