Elise, Darioush, Sébastien.

TPST: 5h / TPCT: 2h (temps passé à chercher le trou).

La sortie n'a pas commencé sous les meilleurs cieux. 

Il est 10h. On pose la voiture à côté de l’auberge d’Ahusky. On se change sous une pluie battante, dans le vent et le froid.

Là, je me demande bien ce que je fous là (je pourrai être bien au chaud chez moi). Et je ne suis pas la seule. Darioush nous lance : " Bah sinon, il y a le restaurant qui est ouvert ". J’avoue, c’est tentant...

Bon, on est quand même venus pour faire de la spéléo.

On se lance à la recherche de notre trou. On l’a pointé sur la carte. On a en plus comme repère le gouffre des Mille vaches. Facile.

Mais bon, comme vous savez, il y a la théorie et la pratique… et parfois la pratique, ça coince…

Oui… pour trouver le Yéti, on a marché pendant 2h dans un petit périmètre de 5000m². Dans des sentes de vaches à la con. Glissantes. Remplies de ronces.

On a alterné montées, descentes, montées, descentes (ne me demandez pas le dénivelé total) au gré des coins qui pouvaient nous faire penser qu’il y avait un trou.

Ah oui… normalement, faut compter 25 min de marche d’approche (je dis ça pour ne pas décourager ceux qui voudraient venir la prochaine fois).

On était pourtant super bien partis.

Au bout d’une demi-heure, on s’arrête devant un énorme trou grillagé.

Pour moi et Darioush qui avaient en tête les quelques photos extérieures du gouffre (qui traînent sur internet et Karsteau), c’est pas celui-là. Non, l’entrée est beaucoup trop immense pour que ça soit ça.

En plus, il n'y a pas les arbres.

Il y a deux spits recouverts de mousse. On se dit que ce trou n’a pas été pratiqué depuis un moment. Ça sera pour une prochaine sortie.

Alors, on continue de chercher le Yéti... On monte, on descend, on monte, on descend, on monte, on descend (je ne sais plus combien de fois).

La sortie tourne à la rando en montagne.

Seb croit même apercevoir un ours en contrebas. Hallucination due à la fatigue ? Ou vision réelle ? Je m’inquiète pour lui. 

Lui râle parce qu’il a oublié ses jumelles. En même temps, on était partis pour faire de la spéléo à la base, alors les jumelles sous terre…

Au bout de 2h à tourner en rond dans un espace qui fait dix fois notre jardin, on envisage de rentrer.

On repasse devant ce gouffre énorme grillagé. Seb nous lance : « Allez, on sauve la sortie, on fait ce trou. Tant pis, ça sera bien ».

En regardant de plus près, je me demande si c’est quand même pas le Yéti. Mais bon, par rapport aux photos, il n'y a pas les arbres. Encore moins le grillage.

Alors, on équipe les deux spits perdus sous la mousse. Mais, là, pas de suite pour la tête de puits. "Put***, mais est-ce que c'est le bon trou ? "

On finit tant que bien mal par descendre ce foutu puits d’entrée de 7 mètres. Qui débouche sur une grande salle genre jungle amazonienne.

La suite est là. Youpi, c'est bien le gouffre du Yéti ! La sortie est sauvée (je vais pouvoir faire un compte-rendu). On n’aura pas la honte. Non, parce que rater un trou aussi gros que le Yéti…

Et Franchement, ça valait le coup de se faire ch*** à marcher 2h. C’est un beau gouffre d’exploration avec de belles dimensions. Bourré de spits et d’amarrages forés. Pas une broche en vue. Le bonheur.

Des mauvaises langues disent que c’est un trou boueux. Eh bien, pas pire que d’autres.

Par manque de temps, On décide de s’arrêter en haut du P60 qui surplombe le palier de la merde.

Vous remarquerez quand même qu'on a passé plus de temps sous terre que dehors.  

On ressort en début de soirée, vers 18 h 30.

Marche retour jusqu’à l’auberge : 25 minutes. On s’y rend d’ailleurs pour boire une petite bière.

Avant même d’avoir poussé la porte, une dizaine de personnes accoudées au comptoir (ils tournent au Ricard et au Get 27) nous fixe à travers les fenêtres avec des yeux aussi gros que des capsules de bières.

« Mais, c’est vous les lumières qu’on voyait sur la crête là-bas ? », nous demandent-ils. Je suis encore en sous-combi Aventure verticale avec de la boue collée sur les joues. « Oui, oui, c’était nous », répond-on.

Alors, on leur parle de spéléo et de ce fameux Yéti. Ils sont quand même curieux…

Deux gugus et une nana qui traînent jusqu’à la nuit sous terre, dans la boue, ça de quoi les intriguer apparemment.

Bon, Seb n’a quand même pas osé leur parler de l’ours (ça aurait été trop)…

Et puis, on sent comme une incompréhension sur notre passion. Il est temps de toute façon de rentrer. La journée a été assez longue comme ça. Darioush a encore de la route.

Élise 

PS : En fait, par rapport aux photos qu’on avait du Yéti, les arbres ont été tronçonnés depuis. Un grillage a été installé. D’où la confusion qui fût la nôtre.

PPS : La photo qu'a prise Seb (ci-dessous) du "potentiel" ours des Arbailles. Pour le repérer, faut des bons yeux (tache marron au fond de la photo). Je vous laisse faire votre avis.