Lucuzilo - by Darioush
30 novembre 2019
Participants : Valérie P, Darioush
Lucucill’eau...
Nous sommes aujourd’hui deux spéléologues suffisamment motivés pour aller braver l’atmosphère moite et ruisselante de cette fin d’automne.
Il n’est pas spécialement tôt – presque 15 heures – lorsque Valérie me rejoint au local pour la préparation du matériel. Il faut souligner qu’elle s’est montrée fort courageuse pour outrepasser les quelques déboires digestifs de la nuit précédente…
Je suis heureux d’apprendre que je vais m’atteler à l’équipement, qui commence bien sûr par la lecture de la fiche et de la topo. Je ne suis pas encore totalement au point mais je peux compter sur l’aide bienveillante de ma coéquipière !
Nous prenons la route en direction d’Urkulu, à la recherche de notre terrain de jeu du jour, Lucucillo.
Par chance l’entrée de la cavité n’est pas très éloignée de la route, car une marche d’approche prolongée par ce temps humide n’aurait pas été des plus agréables.
Le plus difficile restera de parvenir à s’équiper sans se détremper des pieds à la tête. Le calage de deux parapluies sur le rebord du coffre s’avère hasardeux, mieux vaut tout miser sur la rapidité d’exécution !
Je n’ai jamais été aussi pressé de rentrer sous terre. Nous dévalons le petit sentier sur quelques dizaines de mètres pour arriver sur les lieux. Deux broches et un arbre, c’est plutôt bon signe. Je réfléchis sur le moyen d’installer la main courante de départ tout en continuant à m’imbiber. Valérie me surveille attentivement, à l’abri sous son parapluie (ou plutôt MON parapluie…).
Je finis par m’engouffrer dans ce...gouffre, à la recherche d’amarrages supplémentaires en tout genre. Je manque presque un spit de déviation qui se trouve évidement dans mon dos. Un spéléo doit avoir plus qu’une paire d’yeux !
Nous atterrissons sur un ressaut, je me remets en quête de la suite du cheminement. Nouvelle main courante à installer sur amarrages naturels, qui ne manquent pas ici. Une grosse stalagmite et de la sangle feront l’affaire. La tête de puits est un poil inaccessible, deux broches calées au creux du plafond dans une zone pentue. Dois-je rester sur ma poignée ou installer le descendeur ? Choix presque cornélien !
Ma coéquipière reste à portée de corde tout en chantonnant. Cette fois je manque la déviation malgré la présence de lunules, Valérie s’en charge. Peut-être ai-je été perturbé par quelques remugles de viande avariée, sans pouvoir localiser leur origine.
J’admire les draperies et le petit lac qui se trouve en contrebas pendant que mon binôme décide d’aller explorer la face cachée de la lune, comprenez la paroi de droite qui remonte vers une zone peut-être vierge de tout regard…
Finalement ce sera une fausse joie puisque cette partie rejoint le lac en contrebas.
Nous y descendons donc après un habile petit saut, bottes hors de l’eau.
Un méandre-chatière vicieux vient faire obstacle à notre progression, mais rien de surhumain. Des mouvements aquatiques se font entendre au bas du prochain puits, que je tente d’équiper, en pénurie de sangle. Mon acolyte suggère la technique du nœud de chaise en double sur amarrage naturel.
Je parviens à une nouvelle broche de déviation sous laquelle se trouvent les 25 derniers mètres de puits, arrosés par une jolie cascade sur le côté. L’eau s’infiltre au sol par de multiples fissures et réapparaît quelques mètres sous nos pieds, là se trouve la suite du parcours, mais une descente dans l’actif serait tout sauf raisonnable ! Pas de regret, il est temps de remonter. Valérie repart en tête tandis que je déséquipe.
Nous revoilà sur le ressaut malodorant. Nous repérons cette fois la source des effluves : un mulot échoué ici depuis un petit moment, qui a probablement aussi fait carpette sous l’une de nos bottes…
De là s’en suit une réflexion approfondie : comment la bestiole va-t-elle se décomposer ? Pas facile d’imaginer des mouches spéléo se risquant jusqu’ici ! Mais au fait, les mouches peuvent-elles voir dans l’obscurité ? Ont-elles un sonar comme les chauve-souris ?? Ne faisons pas de hors-sujet !
Gaston le héron...
Pas un photon solaire en vue lorsque nous pointons notre nez dehors. Et pour cause, il est presque 22h, mais la pluie a cessé.
Au volant de sa chariote motorisée, Valérie aperçoit soudain une forme animale sur le bas côté. Demi-tour pour en avoir le cœur net. Il s’agit certainement d’un héron blessé, que nous tentons d’attraper en esquivant les coups de bec ravageurs. J’immobilise l’arme de l’oiseau tandis que Valérie bloque les pattes.
Nous débarquons avec notre trouvaille dans le voisinage, où un jeune couple nous propose aimablement de nous guider jusqu’à la clinique vétérinaire de Tardets. Calé au fond de mon siège, je blottis le héron cendré contre moi, préalablement emmitouflé dans une couverture. En attendant le vétérinaire de garde, Nous tentons de joindre des associations de protection des oiseaux, mais nous sommes dimanche et il est tard…
Le vétérinaire nous accueille et examine le volatile. Quelques poches d’air dans la cage thoracique laissent supposer un choc, certainement avec un véhicule. Notre héron sera placé dans une cage toute chaude pour la nuit en attendant d’en savoir plus sur l’évolution de son état. Si tout se passe bien, il pourra rejoindre une association dès le lendemain.
Valérie immortalise cette scène plutôt improbable !
Darioush