Cette fois-ci c'est la bonne ! Enfin peut-être ! Ça commence mal ,de 6 nous passons à 3 pour cette expédition souterraine,

Thomas F , Victor M et moi , les absents sont excusés mais rien que pour cette fois.

C'est ma troisième visite du trou , Thomas lui ne compte plus ses aller-retour et pour Victor c'est sa première fois, il paraît qu'on se souvient toujours de ce moment là !

L'aventure peut commencer, si vous recherchez les différents CR de ce trou vous comprendrez que nous sommes à la recherche d'une suite laissée par des "anciens" du GSHP , au niveau d'une trémie. Ces derniers temps ,à l'initiative de Thomas et avec l'aide de quelques furieux (euses) les 500 m de verticales ont été équipées en fixe, les nombreux passages étroits et paumatoires repérés, il faut donc à nouveau pousser plus loin. 

Pour cela nous prévoyons un premier bivouac à la belle étoile, enfin l'étoile faut l'imaginer sous la voûte de roche quelques centaines de mètres sous terre , puis d'une fléchette jusqu'à la fameuse trémie, d'explorer la suite , un second bivouac pour finir par revenir à la surface. Ça semble réalisable tout ça. 

DÉPART : 

︎ jour 1: 

• rdv 14h chez Valérie et Thomas , préparatifs matos, casse-croûte... Val préférera la chaleur de la Sierra de Guara, le TP 30 elle a déjà donné. 

• 20 h , après 1h30 de rando sous la pluie, un allègement des kits , une petite graille , pipi-caca , évocations spirituelles , à nous l'aventure.

Du sable plein le descendeur, plus on descend plus les poulies s'usent, c'est la dune du Pyla ou quoi ? A la descente comme à la montée faut baisser la tête ou fermer les yeux , ne pas laisser la moindre ouverture de la combi sinon le sable s'invite et ça va gratter sévère au bivouac. Durant la descente Thomas s'allège des bonbons et bouteilles d'eau embarqués , il en dépose à chaque grand puits, il sait que ça fera du bien lors de la remontée. 

Nous voilà à -500 m , la partie de plaisir est terminée et va falloir affronter les très étroites étroitures des méandres " Vomissures et Sympa" . On se dépoile des baudarts, allez un kit supplémentaire, un!! Quelle idée d'emporter 6 kits, ça coince et c'est physique , le strict minimum il a dit le Boss , on comprend bien pourquoi dans ces moments là. Dans ces kits rien de superflu, le minimum syndical, allez peut-être juste un petit change pour être au sec mais faut pas le dire au boss.

Ouf passé ! Ça a bien frotté, j'ai le corps écorché et ma combi est déchirée, me voilà bien ! Mais on est encore bien loin de l'objectif du jour . La progression n'est pas simple, et nous arrivons sur les grandes salles, magnifique et reposant, jusqu'à buter au très beau siphon, dernier point d'eau.  Il est tard et la fatigue se fait sentir, en surface le soleil a basculé depuis longtemps. Bientôt le bivouac, on fait le plein d'eau car après ce liquide précieux n'est plus ! On monte ,on descend, on passe devant la charogne d'un loir en très lente décomposition, inimaginable à ce niveau sous terre , Thomas l'avait déjà vu lors d'une précédente visite. On ignore comment il a pu arriver là, peut-être s'était-il fait piéger dans un kit lors de la dernière expé ? Ou alors une crue ou connaissait -il un raccourci ? Mystère. 

• 3 h du mat , enfin le bivouac, dit en passant qui n'en est pas vraiment un ! Rien , pas une couverture de survie ni même un reste de quoi que ce soit, le sol est encombré de caillasses normal à l'époque ils dormaient dans les hamacs. La fatigue est là, chacun fait son nid comme il peut et on ne traîne pas à se coucher . Je ne trouve pas le sommeil, je rêvasse, mon inquiétude à moi c'est mes piles, ai-je prévus suffisamment d'accus ?

jour 2 : 

• il est 10 h du matin, le soleil peine à se lever. Une lueur, non c'est le halo de la frontale du Boss. Mes fonctions cognitives reviennent , inutile d'esperer les rayons du soleil, il s'est éclipsé derrière la roche. La nuit a été courte, pas facile de trouver le sommeil après tant d'efforts, les corps se reposent mais les cerveaux cogitent . Victor à mal dormi , pas très en forme il préfèrent ne pas nous accompagner pour la suite . Thomas lui est à fond, il gère tout , prépare même le ptit déj. On fait un point tous ensemble, consignes et horaires pour nous tous , Victor reste donc au bivouac à récupérer sa forme, pour nous il est prévu une pointe aller-retour + petite exploration si possible pour un crapahut de 7h . On s'alimente bien , on a pas porté des lyophilisés pour rien .

• 11h , c'est aujourd'hui le jour et l'heure de mon apparition sur terre. Hé oui 49 ans fêté sous terre , je sors la bougie ! Personne n'était au courant mais Thomas improvise un gâteau lyophilisé , ça me fera un beau souvenir. 

• midi ,  quelques friandises et de l'eau et nous voilà parti pour la Trémie du fond suivant au mieux le descriptif des anciens. Thomas connaît un peu la suite puis ce sera l'inconnu pour nous deux.Porte MAY, puis les galeries des mercenaires ,de la brute et le truand ,mystères de l'ouest ,quelques puits histoire de descendre un peu et de s'égarer.

Par endroit on peut suivre des cheminements cairnés, mais le plus souvent une petite filasse rouge traîne au sol, vestige de la topographie des lieux par topofil m'explique Thomas. Nous laissons tout de même quelques bouts de rubalise, bien plus visibles.

Les passages sont magnifiques, les plafonds et parois sont immaculés de blanc, excentriques et aragonites de partout , du sol au plafond . Quelques ressauts et escalades plus loin nous pensons arriver à la fameuse trémie, un dernier cairn trône fièrement. Nous avons un doute , durant notre parcours nous sommes tombés sur une feuille écrite, nommant la fin de l' exploration de 96 mais là rien , sommes nous vraiment au terminus ? D'après la topo il semble que oui, derrière plus rien ,ni cairn ,ni fil rouge, ni traces de passages . On regarde l'heure, faut pas trainer, de la première est devant nous ,on farfouille partout et on a même l'impression de tourner en rond . On regrette de ne pas avoir prévu une boussole . Je me sépare de Thomas et bien entendu je m'égare. Ouf, le Boss est là. Il trouve une suite , le courant d'air n'est pas évident à sentir, devant nous un large boyau sans aucune trace visible de passage , nous espérons là la suite.

Le bruit d'un pissadou !! De l'eau, personne n'a mentionné la présence d'eau, ce qui laisse envisager un futur bivouac dans le secteur . Impossible d'aller voir ça de plus près car il faudrait désescalader et prendre des risques , à - 750 et connaissant les difficultés du parcours pour arriver jusque-là nous restons prudent. Comme nous avons pris parti d'aller vite, nous n'avons pas pris de matériels d'équipements,  de plus le temps défile , il est l'heure de faire demi-tour . Toujours frustrant les explorations !!

• 19h , retour au bivouac , Victor sorti de son deuxième sommeil va mieux. Autour d'un repas lyophilisé nous lui racontons notre journée, les concrétions, le pissadou, la suite ... ya plus qu'à comme on dit ! 

A nouveau nous nous préparons à passer une seconde nuit au bivouac, il faut être en forme pour le retour.

On fait le point du matériel à laisser au bivouac, Thomas note tout , il a raison , pour les suivants encombrement et poids limité sera nécessaire pour poursuivre l'exploration. On laissera deux duvets et matelas, des réchauds de fortune +l'alcool, des couvertures de survie ,quelques amarages...

La nuit est plus froide et humide que la veille , difficile de dire si on dort vraiment, un peu quand même car je me suis entendu ronfler. 

︎jour 3 :

• 4h du mat , Thomas s'excite , c'est l'heure qu'il dit ! Ah bon? attend on a pas encore dormi ! vite un café. 

On prend néanmoins le temps et decollage vers 6h.

Redescente vers le siphon ou on laissera un bag d'eau à l'abri des crues pour l'expédition suivante. 

Allez rebelote, le méandre " sympa", drôle de nom , et sa majesté l'étroitesse " Vomissure" , une vraie partie de plaisir, ça me paraissait plus simple à l'aller, je râle un peu bien sûr maintenant que je suis vieux !

 Durant ces heures en étroiture le matos spéléo est rangé dans les kits , ce qui facilite notre passage mais augmente le volume des kits, problème déplacé en sorte ! C'est mieux ainsi , vu ma combi déchirée en deux le baudrier n'aurait pas résisté. On accélère ,il faut dire que dans les passages larges on y va gaiement les pieds dans l'eau, rester sec n'est plus une priorité. 

Les cordes sont de retour, après quelques passages arrosés nous arrivons à la côte - 500 . 

On va pouvoir s'hydrater et manger les cochonneries sucrées laissées à chaque palier, bien vu le Boss!

Des fractionnements, y'en a plein même que le P147 on ne le voit pas passer. Certaines sorties de puits sont techniques, mais si on reste propre et organisé ça passe bien . Victor, en forme met le diesel en route et ouvre la marche, il avance le bougre, j'essaye de suivre , je suis pas loin au son des nombreux " libre". Thomas ferme la marche et s'occupe de remontée les cordes qui prennent l'eau.

Les derniers puits sont étroits, bien se placer est primordial pour ne pas galérer. 

• début d'après-midi, enfin la surface, il fait jour et du soleil , on sort plus tôt que l'horaire de sécu prévu à 19h .

Objectif atteint ! Enfin si on ne s'est pas trompé de trémie, avec les photos et une discussion auprès des anciens on devrait y voir plus clair.

• Prochaine étape , exploration du boyau observé et suite de la topographie après trémie , voir si le filet d'eau entendu coule régulièrement pour envisager un autre bivouac.

Ce fût encore une belle aventure souterraine, merci les gars .

Ah oui les accus, j'en avais largement assez, pas de quoi stresser !

A lire autre CR de Thomas sur le blog des Tachous.

David