La Borne 109 - St Pé de Bigorre - samedi 26 novembre 2022
TPST : 7H
Commençons par l’histoire de cette grotte avant de vous raconter notre histoire, ce jour-là.
La cavité de la Borne 109 a été découverte et ouverte par la famille Baragué, accompagnée de l'Abbé Abadie en 1981. En 1982/83, le GSHP (groupe spéléo haut pyrénéen) bute sur l'étroiture de -40 m. Le GRAS (Groupe de Recherche et d'Activité Spéléologiques à Lourdes) et l'APERS (association spéléo à Pau), franchissent le passage et découvrent 1500 m de réseau en 1994.
Le 26 novembre 2022, le club basque de spéléo « Leize Mendi » prend possession des lieux pour la journée.
RDV donné à 9h à Soumoulou pour le rassemblement de tous les covoits. Objectif : suivre la voiture de l'un de nos guides du jour : Coraline et Serge. Lieu de l'aventure : la borne 109 à Saint Pé de Bigorre !
A peine sorti des voitures pour se saluer que les taquineries vont bon train. Les habitués (dit la petite nouvelle) commencent à parier sur le retard de Jérôme quand celui arrive quasi pile à l'heure avec Valérie... Pas de retard, c'est elle qui conduit ! Bonne humeur garantie !
On fait les présentations pour ceux qui ne se connaissent pas encore ! On forme une équipe fournie ce jour-là avec Serge, Coraline, Jean Louis, Julien, Valérie, Jérôme, Chloé, Sylvain, Marc, Romuald (l'invité Leize Mendi du jour) et moi-même, Adeline, la petite nouvelle du club.
Histoire de titiller un peu notre intérêt, mais pas notre inquiétude 😉, Serge et Coraline se questionnent sur le topo et sur la route pour rejoindre l'objectif. Coraline prend la tête du convoi et c'est parti. Arrêt boulangerie pour Chloé et Sylvain qui vont nous régaler avant le départ avec de bonnes viennoiseries. Il paraît que certains auraient bien apprécié une pause-café mais pas question de trop traîner, on a du pain sur la planche, le café sera, entre autres..., une récompense lorsque l'on aura atteint l'objectif dans la cavité.
Arrivé sur les lieux vers 10h, on s’équipe, Serge trafique un torse maison pour Romu et on avale une excellente chocolatine. Les « équipeurs » organisent les sacs, cordes et autres babioles utiles en spéléo, se répartissent les taches et la « garde rapprochée » des nouveaux.
Le plan d’action établi, on s’engage dans une marche d’approche fulgurante d’environ 3 min !
A l’entrée du gouffre, Coraline équipe l’entrée du puits et amorce la descente en tête d’équipe.
On descend le premier puits, au pied duquel on est accueilli par la faune locale : salamandre et grenouille, que l’on essaie de ne pas trop déranger.
Alors que le reste de l’équipe prend possession de ce petit espace, Coraline, Marc et Jérôme avancent pour équiper la suite de la progression sous l’œil avisé de Serge.
Bien entouré, les nouveaux arrivants, Romuald et moi, progressons au milieu de la troupe qui nous encadre avec beaucoup de bienveillance. Sylvain ne manquant pas de faire quelques petites blagues entre deux bons conseils de placement et de sécurité lorsqu’il nous ouvre la voie.
On se faufile, on descend un autre très beau puits.
Le travail de l’eau sur la roche a créé ici de superbes sculptures que l’on prend le temps d’observer un peu dans le détail.
On s’avance ensuite vers un passage en main courante, Serge m’invite à prendre une petite alternative étroite où l’on passe à genoux. Je fais bien de le suivre, trouvant ainsi de belles petites concrétions en tube presque parfait, des fistuleuses.
Sortis de ce petit passage, nous nous revenons sur la main courante qui se fait aérienne avant de rejoindre un secteur où toute l’équipe se rassemble un petit moment.
Tous le monde se demande quand nous allons atteindre le mystérieux passage qui fait beaucoup parler, le fameux « KAMASUTRA ». On le connait bien dans son célèbre format littéraire, moins pour sa proposition spéléo…Mais je vous en dis plus après…SUSPENSE….
Assez bavardé, nos équipeurs se remmettent au boulot. Jérome pose un relais sur une grosse concrétion, avec le grand sourire bien sûr !!! et il amorce la descente.
On remarquera (sur les photos) le très beau plafond de stalactites calcaires qui nous met dans l’ambiance pour la suite…
A la descente il s’avère que la pose d’une déviation pourrait être utile, Coraline va s’en charger après que Serge lui ait vaillamment coupé un bon morceau de sangle avec un couteau qui peine à couper du beurre (NB : idée cadeau pour Serge 😉)
Arrivé en bas, on enchaine avec un dernier rappel avant d’arriver dans le lieu tant attendu par Jean Louis, le passage « KAMASUTRA » !
On profite de quelques ornementations de qualité avant de se lancer dans le mystérieux passage…
Coraline est partie en éclaireuse avec Jérome.
- Alors, ce « kamasutra », c’est quoi ?
- c’est une série de boyaux, relativement étroits, ils ont le gabarit d’une civière de secours (ayant eu lieu en 2016) on va les parcourir en rampant, pour le plaisir de Jean Louis qui n’apprécie plus trop les passages un peu trop rétrécis….
Si on fait bien attention, on peut voir les traces des tubes à explosif qui ont permis d’élargir le passage pour la civière.
Sur les fesses ça passe aussi pour Romuald !
On s’est déjà pas mal amusé jusque-là, mais le kamasutra, même s’il comble en partie nos besoins sportifs 😉, ne nous a pas suffit. On est venu pour une salle qui promet un beau spectacle : la salle blanche !
Attention les yeux !
Sorti des petits boyaux nous voilà dans une grande salle chaotique argileuse. Nous y laissons les sacs, elle sera notre réfectoire, mais avant ce moment de réconfort, on file se régaler la vue !
Nous descendons cette grande pièce ouverte pour aboutir à la salle blanche : magnifique !! De sublimes concrétions blanches ornementent les lieux. Des chauves-souris sont délicatement posées sur les fils de protections entourant les concrétions. Elles vont y passer chaudement l’hiver. Il faut faire attention de ne pas les déranger.
On découvre de magnifique stalactites et stalagmites blanchit qui se font face.
Il s’agit de concrétion d’aragonite.
C’est un carbonate de calcium (CaCO3) comme la calcite (très présente aussi dans cette grotte) mais elle en diffère de par la forme de son réseau cristallin (forme orthorhombique).
L’aragonite a été découverte en 1797, dans les Grottes de Molina en Aragon, province Espagnole, d’où son nom, par un naturaliste allemand du nom de Werner.
C’est un festival de formes variées de structures qui s’est offert à nous : fistules, spaghettis, excentriques et oursins…
L’objectif ainsi atteint, il était temps de faire une petite pause casse-croûte. Ce fut l’occasion de boire un coup pour célébrer les anniversaires de Coraline et Chloé. Deux bouteilles de cidre furent débouchées, elles accompagnèrent à merveilles les délicieux cookies que Coraline nous avait préparés pour le dessert. Le temps de chanter le traditionnel « Joyeux anniversaire… » (voir la vidéo), Jean Louis avait commencé le service du café chaud. Tous les ingrédients étaient réunis pour une pause chaleureuse et conviviale.
La pause terminée, l’heure était venue de rebrousser chemin. Sylvain et Jérôme se portent volontaires pour déséquiper, ils fermeront donc la marche. Coraline part devant, Romuald, Chloé et moi la suivons et nous voilà repartis dans le passage Kamasutra en sens inverse. La remontée des puits se fait à bon rythme. Marc ne manquant pas de nous encourager avec de petites plaisanteries bougonnes. Nous atteignons le dernier puits à remonter, les dernières lueurs du jour s’infiltrent dans l’entrée.
Encore un effort et nous sommes dehors. Romuald gardera un bon souvenir de son torse artisanal qui lui aura rendu la remontée plus sportive.
Bien humides, nous filons rapidement nous changer puis toute l’équipe, et un gros passager clandestin (le toutou de l’agriculteur que nous allons redescendre), prends la direction du village pour le nettoyage du matériel au lavoir. L’opération fut rapide et efficace, la recherche des mousquetons perdus beaucoup moins (😊).
Nous terminons cette belle journée autour du lavoir en toute convivialité avec bières et gâteau au chocolat, la petite récompense attendue et bien méritée !
Fin.
Adeline